jeudi 2 novembre 2017

La magie, un monde à plusieurs dimensions (première partie).



L'Arbre de Vie de la Qabale.


Cet article est la suite de celui-ci.

Bien  que souvent considérée comme « surnaturelle », la magie s'appuie sur un jeu de lois parfaitement définies. Alors qu'elle a été remplacée dans la conscience populaire par les hypothèses rationalistes du siècle des lumières et de la science moderne, la vision de l'univers qui réside au cœur de l'hermétisme occidental exerce une fascination puissante pour une raison simple : elle fonctionne.

Au centre de cette vision du monde est la notion de plusieurs plans (ou mondes) de conscience invisibles qui s'étendent bien au-delà tout en interpénétrant largement le nôtre. Ces plans toujours plus subtils sont les lieux (ou les fréquences, pour utiliser un langage radiophonique) de différents niveaux de conscience. Dans chaque plan résident des hiérarchies d'entités ou d'énergies parmi lesquelles les dieux (ou les attributs de Dieu), les archanges, les anges, les forces planétaires, les âmes (incarnées et désincarnées). Par un entraînement et une discipline adéquats, le magicien peut entrer en contact avec ces plans, interagir avec ses habitants, acquérir un savoir et une sagesse, exercer un pouvoir, ou revenir pour raconter son aventure.

Cette conception de mondes intérieurs et extérieurs (ou supérieurs et Inférieurs) doit beaucoup à Platon, bien qu'on en retrouve le principe dans les exposés philosophiques du pseudo-Denys, les anciens écrits hermétiques, les sages soufis tels qu'Ibn Arabi et Ibn'Sina, le poète Dante, et divers qabalistes. On peut établir des parallèles éloquents avec la cosmologie des traditions orientales du tantrisme et du yoga.

Dans cette vision du monde, les planètes et les étoiles qui sont au-dessus de nous représentent le Macrocosme (le Grand Monde) alors que chaque être humain est un Microcosme (le Petit Monde). L'axiome hermétique provenant de la Table d'Emeraude « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, afin que s'accomplisse le miracle de l'unité. » illustre ce principe.

Une géographie spirituelle

Les diverses forces à l’œuvre dans les mondes intérieurs ne sont pas un magma chaotique d'entités, d'énergies, de qualités imprévisibles ; elles ont un rythme, une raison d'être qui a été systématisée sous la forme de quelques diagrammes-clefs. Par l'étude et la pratique, le magicien intériorise ces diagrammes jusqu'à ce que leurs hypothèses et leurs symboles deviennent une seconde nature.

Le plus simple de ces schémas est celui des quatre Éléments : Air, Feu, Eau, Terre. Le magicien se place dans un cercle magique sur lequel se répartissent les quatre directions de l'espace. A chaque direction est associé un Élément, un archange, une arme magique, un domaine d'étude. En s'enracinant dans cette structure, le magicien établit un lien avec le plan physique avant de se concentrer sur d'autres plans.

Toujours en rapport avec les Éléments, une vision plus complète tient compte de celui dont jaillissent les quatre autres : l'Éther des philosophies antiques, la quintessence (cinquième essence) des alchimistes, l'Akasha du tantrisme, la rose qui fleurit au centre des quatre branches de la croix. Le pentagramme en est une image possible.

Un troisième schéma fondamental en magie est l'Arbre de Vie de la Qabale. Tel qu'il était utilisé par les qabalistes hébreux, l'Arbre représentait à l'origine dix aspects ou qualités de Dieu allant du plus abstrait jusqu'au plus accessible. Reprises au cours des siècles par la tradition magique occidentale, les dix sphères de cet Arbre en sont venues à représenter différents grades et niveaux de conscience accessibles au magicien par l'invocation ou la visualisation rituelles. Leur sont associés des symboles, des anges, des noms divins, des couleurs, etc.

En magie, le travail sur les sentiers consiste à opérer (rites, visualisations) sur les liens qui relient les sphères les unes aux autres. En évoquant en soi les qualités associées à ces sentiers, en communiquant avec les formes d'intelligence qui les habitent, en observant les effets subtils ou les événements significatifs qui surgissent dans la vie quotidienne à la suite d'un tel travail.

La magie n'a rien à voir avec le satanisme ou les messes noires. Ses caricatures n'ont pas plus de rapports avec elle que la gourde en plastique en forme de Sainte Vierge n'en a avec les hauteurs mystiques de Saint Jean de la Croix. Comme le souligne Robert Ambelain : « Le kabbaliste qui brûle son encens devant le Pentacle où flamboie le divin Tétragramme n'est pas un être différent du prêtre catholique en adoration devant l'ostensoir ou du lama devant l'image de la déité protectrice. Son état d'âme est celui de tous les mystiques, et il a droit au même respect que le moine de Solesmes ou de Saint-Wandrille. ».


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Cabale et astrologie (première partie).




Un livre de référence sur le sujet.


ASTROLOGIE - ITSTAGNINOUTH (en hébreu). Il est donné dans cette langue à l''astrologie plusieurs noms : « Visionnaire dans les étoiles », « Sage des astres ».

Dans son ouvrage Meshiv dévarim nekohim (Le livre de la réponse adéquate), le kabbaliste de Gérone, Jacob ben Shéshéth a écrit au sujet de l'astrologie : « L'Écriture (Ps. 103 ; 21) appelle les constellations « Serviteurs de Dieu » et «  Exécuteurs de sa volonté » ; c'est pour t'enseigner que les événements qui arrivent au monde par les astres ne sont issus que de la Volonté du Saint, béni soit-il. Les Hakméi ha-kokavim (astrologues) avouent que Dieu neutralise la force des astres et l’expliquent par la comparaison suivante : Un Roi peut annuler la puissance d'une province, car il gouverne tout et la province n'est qu'un fragment. Cette loi est valable pour toute l'astrologie, le gouvernant annule le fragment, ainsi le Saint, béni soit-il, est le gouvernant et le Roi de l'univers, il peut donc neutraliser les puissances astrales. Les docteurs de la Loi disent : « Les enfants, la longévité et l'existence ne dépendent pas du mérite, mais de l'astre ». Il faut le comprendre ainsi : Tous les événements qui arrivent au Juste par la vertu des astres, celui-ci peut  les annuler par son mérite personnel, sans même accroître la prière, juste par l'intention de son cœur. Il ne faut ni prière ni supplication, mais la seule intention du cœur. 

En revanche, s'il s'agit d'une des trois choses énumérées plus haut, il est nécessaire de supplier et de multiplier les prières. Pour ces trois cas, la prière fut profitable à Rachel stérile (Gen. 30 : 22), Dieu l'exauça et la rendit féconde. Ezéchias (menacé de mourir prématurément) fut aussi exaucé par sa prière (2 Rois 20 : 5) : J'ai entendu ta prière et vu tes larmes. Élie et Élisée ressuscitaient les morts et obtenaient la nourriture par leurs prières. C'est pourquoi les Sages ont dit que ces choses ne dépendaient pas du mérite, mais de l'astre... Pourquoi les  astres sont appelés les exécuteurs de sa Volonté alors que les anges sont les exécuteurs de sa parole ? Ceci parce que la force ne passe dans les anges qu'au moment de l'exécution.

Le traité Arbéy Pessahim dit que le Saint, béni soit-il, fit un pacte avec le prince du feu par lequel cet ange devait sauver Hananyah, Mishaél et Azaryah de la fournaise. Mais au moment d'agir le prince de la grêle demanda de le faire, car selon le cours logique des choses c'est l'eau qui éteint le feu. Effectivement, si l'ange du feu avait été chargé de la mission dès le pacte, celui de la grêle n'aurait pu intervenir au moment de l'exécution... Les anges ne recevant leur mission qu'au moment de l’exécution, ceci fait d’eux des « exécuteurs de la parole », ainsi pour eux l’ordre reçu et l’exécution sont simultanés (c'est pourquoi on ne prie pas un ange, il lui faut un ordre de plus haut). Les astres font la Volonté, car tout ce qui découle de leur puissance est soumis à leur joug depuis les six jours du Beréshith (Genèse).

Les Rabbins enseignent à propos de : « parce que quelqu'un serait tombé » (Deut. 22 :8), que celui-ci était destiné à tomber depuis les six jours de la création. Le pouvoir est remis aux astres, jusqu'à ce que le temps arrive de passer à l'acte. C'est pourquoi les astres sont les « exécuteurs de sa Volonté »— car Dieu leur a donné leur fonction depuis la création  du monde et ils exécutent au moment où cela passe de la puissance à l'acte. Ce n'est pas d'eux que dépend l'exécution, car ils sont comme des esclaves servant leur maître. L'Écriture les nomme « exécuteurs de sa Volonté », car ils ont la fonction bitoul ha-koah (annihilation du potentiel) pour montrer que ce passage du potentiel à l'acte n'est pas un changement de la Volonté divine, car dès le Beréshith il a voulu qu'il en soit ainsi. L'étudiant comprendra peut-être difficilement comment tout fut remis aux astres durant les six jours de la création. Voici une explication brève, mais précise sur ce point. Celui qui connaît l'astrologie sait que la connaissance des astres dépend de divers paramètres comme les distances respectives des 7 planètes, l'ascendant, la façon dont les astres se regardent, leur occultation les uns par rapport aux autres, la position par rapport à la sphère des fixes et d'autres.

Mais ces paramètres changent en permanence, le point de degré qui monte est valable pour un seul instant (...) La pensée n'est pas apte à réaliser l'action et l'influence d'un moment donné sur les créatures, c'est pourquoi les astrologues ne peuvent formuler avec certitude (...) Lorsque le Saint, béni soit-il, fixa la sphère de rotation des mazaloth (constellations) et qu'il les rythma et lorsqu'il fixa l'orbite des planètes, il était déjà possible de calculer l'ascendant mille ou deux mille ans plus tard. De même qu'il serait possible de calculer la position des planètes, comme on sait calculer à quel moment ou quelle partie de l’heure naît la nouvelle lune. Ce qui naît à chaque moment est prévu par Dieu, c'est évident. Jérémie crie cette vérité : « C'est toi qui as fait les cieux et la terre par ta grande force, en déployant ta puissance, rien n'est caché pour toi » (Jér. 32 : 17) (...). Ce verset de Jérémie se comprend ainsi : C'est toi qui as fait les cieux dont la rotation n'a pas de fin et qui évoluent pour accomplir la mission que tu leur donnes, tu as fait la terre, tout ce qui est sous les autres sphères, (la terre) est prête à recevoir la puissance des sphères et des astres auxquels tu as donné la force" (Meshiv dévarim nekohim, chapitre IV, Livre de la réponse adéquate).


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Le parcours ésotérique de la Golden Dawn (deuxième partie).



Un CD d'Israel Regardie avec la pratique de la « Conversation avec le Saint Ange Gardien ».


Cette article est la suite de celui-ci.

A quoi sert l’ésotérisme ?

L’ésotérisme postule qu'au-delà du mental (lequel comprend toutes les couches du conscient, de l'inconscient, etc.) existe en chacun de nous une parcelle du divin qui, seule, peut être dite immortelle. Nommée « Saint Ange Gardien » par la Golden Dawn, une première étape consiste à établir le lien entre notre conscience (le Moi) et cette parcelle divine (le Soi), opération nommée « Conversation avec le Saint Ange Gardien ».

Cette étape franchie, l'adepte travaillera à confier la direction de sa vie au Soi qui réside en lui, le Moi n'ayant alors plus lieu d'être. L’évanouissement du Moi se produit lors du « franchissement de l'abîme ». Dégagé de ses conditionnements, l'être reçoit (ou comprend) sa destinée, assume sa vraie fonction dans ce monde, collaborant à l'œuvre des dieux pour qu'il soit conforme à l'ordre et aux plans qu'ils ont élaborés. Nous sommes là dans la théurgie proprement dite.

Une telle union avec le divin ne peut être atteinte par la simple croyance dans une doctrine ou des spéculations intellectuelles. Les divers rites, techniques, armes ésotériques, etc... sont autant d'outils dont l'objectif est la restauration, la réparation, l'élévation de la conscience afin qu'elle devienne un véhicule adapté à la Lumière divine. Lorsque le corps et la personnalité sont purifiés, libérés de névroses handicapantes, le Soi peut être invoqué. Si ces outils n'ont plus lieu d'être lorsque le but est atteint, l'homme appartenant pour partie au monde matériel ne saurait se passer de moyens également matériels qui constituent autant de leviers pour dépasser cet état, de moyens pour induire les transformations qui s'opèrent en lui.

Supposons un immeuble de dix étages. Comment en atteindre le sommet ? Certainement pas en ignorant le fait évident qu'au moins 60 mètres nous en séparent. C'est pourtant l'attitude simpliste de la « mystique de la vole intérieure ». Dieu, affirme-t-on dans certains cercles, est un état de conscience infinie auquel nous devons nous unir. Jusque-là, chacun est d'accord. Mais, en pratique, il nous serait proposé de gagner le sommet en ignorant les escaliers qui nous séparent de notre objectif : Dieu. C'est comme si nous tentions de sauter du sol au sommet du bâtiment.

L’ésotérisme adopte une attitude plus réaliste et pragmatique, plus conforme au bon sens. Pour gagner le sommet, nous devons soit monter par les escaliers prévus à cet effet, soit utiliser l'ascenseur. L’homme est une créature complexe dont les facultés, au cours de millions d'années, se sont développées et transformées pour répondre à des besoins et instincts (faim, peur, sexualité, survie, etc.) qu'il est dangereux d'ignorer.

En aspirant à l'union divine, nous devons nous assurer que notre méthode, quelle qu'elle soit, prend ces facultés en considération et les transmute jusqu'à ce qu'elles puissent participer à l'expérience. L'évolution (ou l'adaptation) de tous les constituants de l'être humain s'y avère nécessaire, pas seulement celle de quelques-uns d'entre eux, laissant les autres sous-développés ou fixés à un état infantile. En outre, ces facultés doivent être entraînées pour faire face à l'énorme tension imposée par un tel objectif. Faire fi de toutes ces considérations suscitera les catastrophes si fréquemment rencontrées dans les cercles occultes ou mystiques.

Contrairement à une idée reçue qui ne se vérifie pas dans la pratique, la voie ésotérique vaut la voie mystique, parce que proposant une « technologie » permettant de franchir de manière systématique et méthodique les diverses étapes qui conduisent de l'initiation à l'adeptat (sauf pour quelques êtres d'exception prédisposés de naissance dont un événement de l'existence suffit à faire éclore un état inhérent à leur personne, mais dont ils n'avaient pas conscience). Pour les autres, les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola, l'hésychasme de l'orthodoxie, l'ascèse monastique confirment, malgré les allégations officielles selon lesquelles la foi est la clef du christianisme, que les techniques sont un prérequis de tout développement intérieur.

D'où la « supériorité » (d'un point de vue pratique) d'un Jamblique sur un Plotin, d'un Martinès de Pasqually sur un Louis-Claude de Saint-Martin. Les écoles de tantrisme hindou et bouddhiste suivent une démarche analogue.

Comme l'expérience ésotérique ne peut être éprouvée par le chercheur sceptique qui se situe en observateur extérieur, un esprit sensé peut être tenté de balayer l'ensemble du sujet d'un revers de main, notre ésotériste pouvant être catalogué comme schizophrène. Au moins deux facteurs me poussent à recommander au lecteur de ce blog de retenir son jugement tant qu'il n'a pas approfondi la question.

1) La conception du monde et l'univers symbolique de l’ésotérisme sont fondamentalement identiques à nos traditions spirituelles occidentales : l’hermétisme, l’alchimie, la franc-maçonnerie traditionnelle, la théosophie, le rosicruclanisme. Alors que les détails et le vocabulaire peuvent différer d'un système à l'autre, les enseignements y sont similaires. SI le lecteur est familiarisé avec l'un de ces courants et s'il lui accorde quelque valeur, il trouvera tout autant de valeur à une étude plus poussée de l’ésotérisme.

2) Nous avons beaucoup appris au cours des dernières décades sur les religions orientales. Il apparaît avec évidence que la même vision du monde, y compris celle des divers plans de conscience, de l'existence de cinq éléments et d'enseignants désincarnés... se retrouve dans l'hindouisme et le bouddhisme tantriques.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Sod et Pardès dans la Qabale.



Un ouvrage sur le Pardès.




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Il est dit dans la notice sur le qabaliste Isaac Luria dans le Dictionnaire encyclopédique de la Kabbale de Virya (Georges Lahy) :
« Il demeura longtemps isolé dans une petite maison le long du Nil, où il médita. C'est là que le Prophète Élie lui apparut et lui enseigna les secrets de la Torah appelés Sod ou Kabbale. »


Le Sod.

Qu’est-ce donc que le « Sod » ? C’est le quatrième niveau de lecture du Pardès (le domaine réservé de la connaissance ésotérique kabbalistique). « Sod » signifie « secret » et désigne l’herméneutique. C’est le niveau ésotérique concernant la théosophie, la métaphysique et la révélation des choses surnaturelles secrètes et mystérieuses. C’est en référence au Sod que la tradition ésotérique dit que la Torah possède soixante-dix niveaux de lecture. En effet, la valeur numérique de Sod est égale à 70 (60 +6 +4 = 70).

Le Pardès.

Ce mot signifie « verger » et doit se rapprocher de « paradis », dont il comporte les mêmes consonnes. Dans la mystique, le Pardès est le domaine réservé de la connaissance ésotérique, qu'il symbolise avec ses quatre lettres (en hébreu). En effet, chacune des lettres du mot Pardès, servent d'initiales aux noms des quatre niveaux d'études et de décodage de la Torah. P est l'initiale de Pshat, le sens littéral, R de remez, le sens allégorique, D initie le mot drash, l'interprétation, et enfin, S est l'initiale de sod, le secret, niveau de l'herméneutique.

La section Haguigah (14b) du Talmud rapporte l'aventure des quatre rabbins qui décidèrent ensemble de pénétrer dans le Verger (Pardès) de la connaissance mystique :

« Ils furent quatre à entrer dans le Pardès : ben Azaï, ben Zoma, ben Abouya et Aqiva hen Yosseph... Ben Azaï regarda et mourut... Ben Zoma regarda et perdit la raison... Ben Abouya devint hérétique. Seul, Rabbi Aqiva entra et ressortit en paix... Aqiva précisa : Quand vous arriverez aux résidences de marbre étincelant, ne dites pas Mayim ! Mayim ! ». 

Ce texte signifie qu'avant d'atteindre le Sod une préparation graduée est nécessaire. Il faut savoir que, pour pénétrer le Sod, tous les problèmes psychologiques de la nature humaine doivent être réglés définitivement. 

On peut considérer Pshat et Remez comme une psychothérapie, Drash étant une sorte de psychanalyse ésotérique. Aqiva put pénétrer le Sod du Pardès parce qu'il était Sage, il avait réalisé les soixante-dix degrés de la spéculation mystique, nombre qui est aussi la valeur numérique du Sod (60 +6 +4 = 70). 

Sur le terme Pardés, Hayim Vital dit : « Le sens de l'Écriture est littéral, analogique et mystique ; celui-là sera obligé de se réincarner tant qu'il n'aura pas accompli toute cette tâche. »  Ainsi, le Pardès ne représente pas uniquement des niveaux d'études, mais également des niveaux de conscience, c'est le chemin qui mène vers la réalisation de la nature divine.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

Le parcours ésotérique de la Golden Dawn (première partie).



Le cercle magique de la Golden Dawn.


Cet article est la suite de celui-ci.

Denis Labouré résume le parcours ésotérique de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Golden Dawn).

Il s’est inspiré pour cela des ouvrages d’Israel Regardie, The Middle Pillar, The Tree of Life, The Golden Dawn : The Original Account of the Teachings, Rites & Ceremonies of the Hermetic Order et The Complete Golden Dawn System of Magic.

W. Wynn Wescott, expert en littérature occulte et en médecine légale, entra en possession de manuscrits codés élaborés par quelques membres d'une société savante étudiant l'histoire et les doctrines du mouvement Rose+Croix : la S. R. I. A. (Societa Rosicruciana In Anglia) fondée en 1867. Il confia le soin de les déchiffrer à S. L. MacGregor Mathers, jeune franc-maçon qui avait déjà traduit en anglais quelques-uns des textes qabalistiques de la Kabbala denudata de Knorr von Rosenroth. 

Ces manuscrits contenaient une description schématique de rites d'initiation aux grades de néophyte, Zelator, Theoricus, Practices et Philosophus. Les noms de ces grades, mis en correspondance avec les Sephiroth de l'Arbre de Vie, sont quasiment identiques à ceux des grades de la première organisation rosicrucienne bien identifiable, « la Rose+Crolx d'or » (Gold und Rosenkreuz), rite allemand alchimico- maçonnique du XVIII ème siècle. Cette hiérarchie « qabalistique », apparue pour la première fois comme système de haut-grades postérieurs à la maîtrise maçonnique, fut reprise par la Societa Rosicruciana In Anglia.

Mathers et Wescott rédigèrent les rituels, ajoutant à chacun d'eux des exposés traitant d'un ou plusieurs aspects des sciences hermétiques (magie, astrologie, alchimie). En 1888, associés à R. W. Woodman qui dirigeait la S. R. I. A. , ils consacrèrent à Londres le temple Isis-Urania de l'Ordre Hermétique de l'Aube Dorée (Hermetic Brotherhood of the Golden Dawn). Ses membres étudiaient des enseignements écrits, accomplissaient des rites d'initiation pour de nouveaux membres (hommes ou femmes, l'Ordre étant mixte). 

Sur l'initiative de Mathers, cette « franc-maçonnerie hermétique »  fut couronnée en 1891 par l'apparition d'un nouveau grade, celui d'Adeptus Minor. Un ordre Intérieur, Ordre de la Croix d'Or et de la Rose Rouge, fut constitué, couronné d'un troisième Ordre plus théorique, réservé à quelques individualités d'élite et aux Chefs secrets invisibles. Dès lors, la structure des grades était complète. La Golden Dawn et ses enseignements se développèrent dans une direction qui devait se révéler fructueuse. Mathers affirma cinq ans plus tard avoir établi le contact avec des « chefs secrets » qui ne sont pas sans rappeler les « Supérieurs Inconnus » de la Stricte Observance Templière ou les « Mahatmas » de la Société Théosophique.

Toujours est-il que les enseignements d'une grande efficacité qu'il introduisit formèrent l'essentiel des techniques magiques enseignées à ceux qui avaient atteint le grade d'Adeptus Minor. Quand l'adepte avait traversé le rite d'initiation à ce grade (une mort et résurrection symboliques ayant pour cadre le tombeau de Christian Rosenkreutz), sa première tâche était de confectionner ses « armes »  magiques et ses emblèmes. Cet équipement comprenait en tout sept pièces : une coupe pour l'Eau, une dague pour l'Air, un disque de bois pour la Terre, une baguette pour le Feu, une épée (s'inspirant des Clavicules de Salomon, texte médiéval) pour la défense, une baguette surmontée d'un lotus (que tiennent en mains nombre de divinités du Livre des Morts égyptien) pour les invocations générales et les bannissements, une Rose+Croix destinée à être portée sur la poitrine. Par consécration, les Membres de la Golden Dawn n'entendaient pas quelques rites purement symboliques, mais la pénétration consciente de la Lumière incréée dans la matière morte. Opération contrôlée par clairvoyance et confirmée par ses effets dans la vie quotidienne.

Les talismans étaient une autre application de ces mêmes principes, que devait maîtriser l'Adeptus Minor. Des séries d'invocations et d'évocations devaient être effectuées méthodiquement.

L'invocation repose sur l'appel dans la sphère de conscience humaine (qu'exprime le cercle magique) d'un dieu ou du Saint Ange Gardien. Dans cette forme élevée de magie, l'opérateur souhaite cette incorporation de puissances supérieures suivie d'un lâcher-prise. Le but de cet aspect de la magie est une transmutation (changement de niveau de conscience et transfiguration corporelle), l'effacement de carences physiques ou psychiques par l'assimilation des énergies manquantes.

L'évocation est l'appel d'une entité incomplète ou Inférieure dans un triangle dessiné à l'intérieur d'un cercle. L'objectif de l'évocation est d'appeler face à soi une partie de l'âme humaine plus ou moins déficiente, d'effectuer un travail sur (avec) elle, puis de la réintégrer à sa place naturelle. Cette assimilation ne se fait pas par amour ou sacrifice de soi comme dans le cas de l'invocation, mais par un ordre nu un acte de volonté.

La divination (géomancie, tarot, astrologie) a pour objectif le développement de l'intuition. Lorsqu'elle est pratiquée suffisamment longtemps, elle élabore un pont entre la conscience de l'homme et les couches les plus profondes de la psyché auxquelles il est impossible d'accéder par les simples facultés conscientes. Ainsi, le mage peut savoir si son désir (ou l'opération qu'il entreprend) est conforme au « vrai vouloir » qui réside au centre de lui-même.

Tous ceux qui l'ont sérieusement travaillé ont reconnu l'efficacité de l'enseignement de la Golden Dawn. Les occultistes qui ont appliqué les formules Z2 de Mathers pour évoquer des images de l'inconscient collectif ou pour consacrer un talisman, ceux qui ont utilisé la réinterprétation faite par Mathers du système énochien de John Dee (1527-1608) pour voyager à travers les trente « aires », ceux qui ont eu recours aux exercices de méditation de la Golden Dawn pour s'auto-analyser, tous ont convenu, au-delà des différences de personnes, de l'efficacité du système.

Un manque de rigueur dans le recrutement, des passages d'un grade au suivant sans que soit effectué le travail requis, des rivalités personnelles, la puissante figure de Mathers qui suscita aussi bien une révolte interne qu'une désagrégation de l'Ordre lorsqu'il disparut, une guerre mondiale, ont favorisé la disparition de la Golden Dawn. Mais il avait marqué l'occultisme contemporain (et particulièrement anglo-saxon) d'une empreinte indélébile. Il n'est guère d'Ordre ou de « maître » qui n'y ait emprunté quelques enseignements ou qui n'ait été membre d'un groupe qui en dérivait, soit en le reconnaissant (P. F Case et le BOTA Tarot, Dion Fortune et The Society of the Inner Light, A. Crowley et l'A.A,) soit en oubliant de citer ses sources (Spencer Lewis et l'AMORC, Rudolf Steiner et l'anthroposophie, Ron Hubbard et la scientologie).

La publication des enseignements de la Golden Dawn par Israel Regardie, complétée par les travaux d'historiens britanniques et les documents du temple Thoth-Hermès de Nouvelle-Zélande (qui provient de la Stella Matutina) a permis l'éviction des fausses hiérarchies reposant sur la détention de documents et non sur une pratique effective, ainsi que la constitution de nombreux temples indépendants qui poursuivent l’œuvre entreprise par l'Ordre originel.


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous !