jeudi 2 novembre 2017

Le parcours ésotérique de la Golden Dawn (première partie).



Le cercle magique de la Golden Dawn.


Cet article est la suite de celui-ci.

Denis Labouré résume le parcours ésotérique de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Golden Dawn).

Il s’est inspiré pour cela des ouvrages d’Israel Regardie, The Middle Pillar, The Tree of Life, The Golden Dawn : The Original Account of the Teachings, Rites & Ceremonies of the Hermetic Order et The Complete Golden Dawn System of Magic.

W. Wynn Wescott, expert en littérature occulte et en médecine légale, entra en possession de manuscrits codés élaborés par quelques membres d'une société savante étudiant l'histoire et les doctrines du mouvement Rose+Croix : la S. R. I. A. (Societa Rosicruciana In Anglia) fondée en 1867. Il confia le soin de les déchiffrer à S. L. MacGregor Mathers, jeune franc-maçon qui avait déjà traduit en anglais quelques-uns des textes qabalistiques de la Kabbala denudata de Knorr von Rosenroth. 

Ces manuscrits contenaient une description schématique de rites d'initiation aux grades de néophyte, Zelator, Theoricus, Practices et Philosophus. Les noms de ces grades, mis en correspondance avec les Sephiroth de l'Arbre de Vie, sont quasiment identiques à ceux des grades de la première organisation rosicrucienne bien identifiable, « la Rose+Crolx d'or » (Gold und Rosenkreuz), rite allemand alchimico- maçonnique du XVIII ème siècle. Cette hiérarchie « qabalistique », apparue pour la première fois comme système de haut-grades postérieurs à la maîtrise maçonnique, fut reprise par la Societa Rosicruciana In Anglia.

Mathers et Wescott rédigèrent les rituels, ajoutant à chacun d'eux des exposés traitant d'un ou plusieurs aspects des sciences hermétiques (magie, astrologie, alchimie). En 1888, associés à R. W. Woodman qui dirigeait la S. R. I. A. , ils consacrèrent à Londres le temple Isis-Urania de l'Ordre Hermétique de l'Aube Dorée (Hermetic Brotherhood of the Golden Dawn). Ses membres étudiaient des enseignements écrits, accomplissaient des rites d'initiation pour de nouveaux membres (hommes ou femmes, l'Ordre étant mixte). 

Sur l'initiative de Mathers, cette « franc-maçonnerie hermétique »  fut couronnée en 1891 par l'apparition d'un nouveau grade, celui d'Adeptus Minor. Un ordre Intérieur, Ordre de la Croix d'Or et de la Rose Rouge, fut constitué, couronné d'un troisième Ordre plus théorique, réservé à quelques individualités d'élite et aux Chefs secrets invisibles. Dès lors, la structure des grades était complète. La Golden Dawn et ses enseignements se développèrent dans une direction qui devait se révéler fructueuse. Mathers affirma cinq ans plus tard avoir établi le contact avec des « chefs secrets » qui ne sont pas sans rappeler les « Supérieurs Inconnus » de la Stricte Observance Templière ou les « Mahatmas » de la Société Théosophique.

Toujours est-il que les enseignements d'une grande efficacité qu'il introduisit formèrent l'essentiel des techniques magiques enseignées à ceux qui avaient atteint le grade d'Adeptus Minor. Quand l'adepte avait traversé le rite d'initiation à ce grade (une mort et résurrection symboliques ayant pour cadre le tombeau de Christian Rosenkreutz), sa première tâche était de confectionner ses « armes »  magiques et ses emblèmes. Cet équipement comprenait en tout sept pièces : une coupe pour l'Eau, une dague pour l'Air, un disque de bois pour la Terre, une baguette pour le Feu, une épée (s'inspirant des Clavicules de Salomon, texte médiéval) pour la défense, une baguette surmontée d'un lotus (que tiennent en mains nombre de divinités du Livre des Morts égyptien) pour les invocations générales et les bannissements, une Rose+Croix destinée à être portée sur la poitrine. Par consécration, les Membres de la Golden Dawn n'entendaient pas quelques rites purement symboliques, mais la pénétration consciente de la Lumière incréée dans la matière morte. Opération contrôlée par clairvoyance et confirmée par ses effets dans la vie quotidienne.

Les talismans étaient une autre application de ces mêmes principes, que devait maîtriser l'Adeptus Minor. Des séries d'invocations et d'évocations devaient être effectuées méthodiquement.

L'invocation repose sur l'appel dans la sphère de conscience humaine (qu'exprime le cercle magique) d'un dieu ou du Saint Ange Gardien. Dans cette forme élevée de magie, l'opérateur souhaite cette incorporation de puissances supérieures suivie d'un lâcher-prise. Le but de cet aspect de la magie est une transmutation (changement de niveau de conscience et transfiguration corporelle), l'effacement de carences physiques ou psychiques par l'assimilation des énergies manquantes.

L'évocation est l'appel d'une entité incomplète ou Inférieure dans un triangle dessiné à l'intérieur d'un cercle. L'objectif de l'évocation est d'appeler face à soi une partie de l'âme humaine plus ou moins déficiente, d'effectuer un travail sur (avec) elle, puis de la réintégrer à sa place naturelle. Cette assimilation ne se fait pas par amour ou sacrifice de soi comme dans le cas de l'invocation, mais par un ordre nu un acte de volonté.

La divination (géomancie, tarot, astrologie) a pour objectif le développement de l'intuition. Lorsqu'elle est pratiquée suffisamment longtemps, elle élabore un pont entre la conscience de l'homme et les couches les plus profondes de la psyché auxquelles il est impossible d'accéder par les simples facultés conscientes. Ainsi, le mage peut savoir si son désir (ou l'opération qu'il entreprend) est conforme au « vrai vouloir » qui réside au centre de lui-même.

Tous ceux qui l'ont sérieusement travaillé ont reconnu l'efficacité de l'enseignement de la Golden Dawn. Les occultistes qui ont appliqué les formules Z2 de Mathers pour évoquer des images de l'inconscient collectif ou pour consacrer un talisman, ceux qui ont utilisé la réinterprétation faite par Mathers du système énochien de John Dee (1527-1608) pour voyager à travers les trente « aires », ceux qui ont eu recours aux exercices de méditation de la Golden Dawn pour s'auto-analyser, tous ont convenu, au-delà des différences de personnes, de l'efficacité du système.

Un manque de rigueur dans le recrutement, des passages d'un grade au suivant sans que soit effectué le travail requis, des rivalités personnelles, la puissante figure de Mathers qui suscita aussi bien une révolte interne qu'une désagrégation de l'Ordre lorsqu'il disparut, une guerre mondiale, ont favorisé la disparition de la Golden Dawn. Mais il avait marqué l'occultisme contemporain (et particulièrement anglo-saxon) d'une empreinte indélébile. Il n'est guère d'Ordre ou de « maître » qui n'y ait emprunté quelques enseignements ou qui n'ait été membre d'un groupe qui en dérivait, soit en le reconnaissant (P. F Case et le BOTA Tarot, Dion Fortune et The Society of the Inner Light, A. Crowley et l'A.A,) soit en oubliant de citer ses sources (Spencer Lewis et l'AMORC, Rudolf Steiner et l'anthroposophie, Ron Hubbard et la scientologie).

La publication des enseignements de la Golden Dawn par Israel Regardie, complétée par les travaux d'historiens britanniques et les documents du temple Thoth-Hermès de Nouvelle-Zélande (qui provient de la Stella Matutina) a permis l'éviction des fausses hiérarchies reposant sur la détention de documents et non sur une pratique effective, ainsi que la constitution de nombreux temples indépendants qui poursuivent l’œuvre entreprise par l'Ordre originel.


Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Amitiés à tous !

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