vendredi 7 juillet 2017

Compte rendu de « Gestalt thérapie » de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, sixième partie, Self, moi, ça et personnalité.





Fritz Perls.


Osho nous dit : "Je peux parler indéfiniment car je n'ai pas d'enseignement."

Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles de psychothérapie, la Gestalt thérapie, à travers le livre de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, Gestalt-thérapie et particulièrement le chapitre 10 : Self, moi, ça et personnalité. Cet article fait suite à celui-ci.

« 1. Plan du chapitre

Dans ce qui a précédé, nous avons discuté de quelques problèmes concernant la perception fondamentale de la réalité, de la nature animale de l'homme et de sa maturation, du langage et de la formation de la personnalité et de la société. Dans tout cela, nous avons essayé de montrer le self en train d'accomplir ses fonctions d'ajustement créateur, souvent dans des situations d'urgence et dans la résignation imposée, lorsque la nouvelle totalité créée est « névrotique » et ne semble pas du tout être une œuvre d'ajustement créateur. Nous avons bien entendu choisi de discuter surtout de ces problèmes et de ces situations, par exemple les idées de monde extérieur, d'infantile, d'antisocial, dont la mécompréhension tend à obscurcir la véritable nature du self, telle que nous l'entendons.

Prenons maintenant un nouveau départ et essayons de développer de façon plus systématique notre notion du self et de son inhibition névrotique. D'abord, en revenant sur le matériel présenté dans le chapitre d'introduction, « la structure du développement », nous considérerons le self comme la fonction de mise en contact avec le réel présent éphémère ; nous nous interrogerons sur ses propriétés et ses activités et nous étudierons les trois principaux systèmes partiels, moi, ça et personnalité, qui, dans des circonstances particulières, semblent être le self.

Ensuite, dans une critique de différentes théories psychologiques, nous tenterons d'expliquer pourquoi notre conception a été négligée et pourquoi d'autres visions, incomplètes ou erronées, ont pu paraître plausibles. Et en déployant l'activité du self comme processus temporel, nous examinerons les différents stades du contact ; précontact, contact, contact final et post-contact. Ce qui revient à considérer la nature du développement comme ajustement créateur. Finalement, après avoir d'abord clarifié l'analyse freudienne habituelle du refoulement et de la genèse de la névrose, nous expliquerons les différentes configurations névrotiques, comme autant d'inhibitions du processus de contact du présent.

2. Le self est le système de contacts présents et l'agent du développement.

Nous avons vu que, dans toute recherche biologique ou socio-psychologique, le sujet-objet concret est toujours un champ organisme/ environnement. Il n'est aucune fonction d'un quelconque animal qui soit définissable autrement que comme fonction de ce champ. La physiologie organique, les pensées et les émotions, les objets et les personnes sont des abstractions qui n'ont du sens que rapportées aux interactions du champ.

Le champ, en tant que totalité, tend à se compléter lui-même, à atteindre l'équilibre le plus simple possible pour ce niveau de champ. Mais étant donné que les conditions sont toujours changeantes, l'équilibre partiel réalisé est toujours nouveau; il doit être atteint en croissant. L’organisme se préserve seulement en croissant. L’autopréservation et la croissance sont polaires : seul ce qui se préserve eut croître par assimilation et seul ce qui assimile continuellement la nouveauté peut se préserver et ne pas dégénérer. Ainsi, le matériel et l'énergie de la croissance sont les suivants : la tentative conservatrice de l'organisme de rester tel qu'il a été, le nouvel environnement, la destruction des équilibres partiels antérieurs et l'assimilation de quelque chose de nouveau.

Contacter, c'est généralement développer l'organisme. Par contact, nous entendons le fait de se procurer de la nourriture et de la manger, d'aimer et de faire l'amour, d'agresser, d'entrer en conflit, de communiquer, de percevoir, d'apprendre et, en général, toutes les fonctions qui doivent fondamentalement être considérées comme se déroulant à la frontière dans un champ organisme/environnement.

Le système complexe de contacts nécessaires pour l'ajustement dans un champ difficile, nous l'appelons « self ». On peut considérer que « self » se situe à la frontière de l'organisme, mais cette frontière n'est pas elle-même isolée de l'environnement ; elle contacte l'environnement ; elle relève des deux, environnement et organisme. Le contact, c'est le toucher touchant quelque chose. Le self n'a pas à être pensé comme une institution fixe : il existe où et quand il y a de fait une interaction à la frontière. Pour paraphraser Aristote : « Quand on se pince le doigt, le self existe dans le doigt douloureux. »

(Supposons que, en se concentrant sur le visage de quelqu'un, on sente que ce visage est un masque et qu'on se demande alors quel peut bien être le « véritable » visage. Cette question est absurde, car le véritable visage de quelqu'un est une réponse à quelque situation présente. S'il y a danger, le véritable visage, c'est la peur ; s'il y a quelque chose d'intéressant, c'est un visage intéressé, etc. Le visage réel qui serait au-dessous d'un visage ressenti comme masque serait une réponse à une situation maintenue hors de la conscience ; et c'est cette situation présente, à savoir garder quelque chose hors de la conscience, qu'exprime le masque. Car le masque est alors le véritable visage. De sorte que le conseil « soyez vous-même », souvent donné par les thérapeutes, s'avère quelque peu absurde ; ce qui est signifié, c'est « contactez la situation présente », puisque le self est uniquement ce contact).

Self, le système de contacts, intègre toujours les fonctions perceptuelles et proprioceptrices, les fonctions motrices et musculaires et les besoins organiques. Il est conscient et oriente, agresse et manipule, ressent émotionnellement le caractère approprié de l'environnement et de l'organisme. Il n'est pas de bonne perception qui n'implique pas la réponse musculaire et le besoin organique. Une figure perçue n'est ni lumineuse ni précise tant qu'on n'y porte pas regard, intérêt, attention. De même, le mouvement n'a pas de grâce ni d'habileté s'il n'y a pas intérêt, proprioception des muscles et perception de l'environnement. L'excitation organique s'exprime, devient signifiante, précisément en attribuant rythme et mouvement aux perceptions, comme c'est évident dans la musique. En d'autres termes, c'est l'organe sensoriel qui perçoit, c'est le muscle qui bouge, c'est l’organe végétatif qui souffre d’excès ou de manque, mais c’est l’organisme en tant que totalité, en contact avec l’environnement, qui est immédiatement conscient, qui manipule, qui ressent.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro.


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