vendredi 10 novembre 2017

Aleister Crowley et la magie moderne (quatrième partie).




Adam Weishaupt.

Cet article est la suite de celui-ci.

Pour comprendre la perception actuelle parfois très négative de la magie d’Aleister Crowley, il faut remonter dans le passé.

Au cours des siècles, depuis l’Antiquité, tous les écrits sur la gnose (religion magique pour accéder directement jusqu’à Dieu par la connaissance) ont été détruits (à une ou deux exceptions près).

Au vingtième siècle, la résurgence massive de l'intérêt pour le côté caché des choses, pour l'aspect nouménal du monde phénoménal, est largement due à la dissolution graduelle de l’ancienne morale sociale. Elle a rendu possible le descellement de cellules dormantes de la conscience grâce à l'utilisation du sexe, des drogues, de l'alcool et d'autres méthodes d'exploration.

La genèse de ce changement survint dans la dernière moitié du siècle dernier, lorsque Helena Blavatsky ouvrit en grand les portes de l'ésotérisme oriental et le rendit disponible au monde occidental. La tendance de l'opinion scientifique changea aussi de cap et commença à confirmer les observations des mystiques et des scientifiques ésotéristes, anciens et modernes.

Ces fils furent rassemblés en un seul nœud en 1875, l'année où coïncidèrent deux événements d'une importance considérable : la fondation par Helena Blavatsky de la Société Théosophique et la naissance dans le Warwickshire, en Angleterre, d'Aleister Crowley.

Afin d'évaluer correctement ces circonstances, il est nécessaire de comprendre qu'un événement tout aussi significatif était imminent : l'apparition de l'Ordre Hermétique de la Golden Dawn, qui avait existé sous différentes formes et sous d'autres noms depuis un temps incalculable.

La Golden Dawn était l'École du Mystère Intérieur de l'Ordre qui se formula dans le monde extérieur en tant que Société Théosophique.

L'intention d’Helena Blavatsky lorsqu'elle créa sa Société fut, principalement, la destruction de la Chrétienté dans sa forme historique opposée à sa forme « éternelle ». Ce fait est soit éludé soit totalement ignoré par la plupart des auteurs qui écrivent sur la Société ou sa fondatrice, mais il est essentiel pour une compréhension du courant vital qui inspira la Golden Dawn et plus encore pour saisir la raison qui poussa Crowley à s'identifier à la formule antichrétienne de la Bête, 666.

Le véritable Ordre Occulte se manifesta en Occident en 1886 en tant que Golden Dawn. Avant cette manifestation spécifique, la Fraternité comptait parmi ses représentants inavoués des autorités telles que Sir Edward Bulwer-Lytton, Éliphas Lévi, Fred Hockley, Kenneth Mackenzie, Gerald Massey, Fabre d'Olivet entre autres. Bulwer-Lytton fit historiquement le lien avec les adeptes continentaux Gérard Encausse (Papus), Rudolph Steiner et Franz Hartmann — des noms prestigieux de l'ésotérisme occidental. Ces éléments continentaux constituèrent ce qui fut jadis appelé la Fraternité Hermétique de la Lumière.

Autour de 1875, peu de temps après la naissance de la Société Théosophique, la Fraternité hermétique de la Lumière — jusqu'alors relativement peu organisée — fut concentrée en dix degrés initiatiques sous la direction du Dr. Carl Kellner, un adepte australien qui révéla le véritable nom de la Fraternité comme étant l'Ordo Templi Orientis, L'Ordre du Temple Oriental, l'Orient signifiant le lieu du lever du soleil, la source de l'illumination.

Karl Kellner fut le premier O.H.O. (Chef Extérieur de l'Ordre — Outer Head of the Order) de l'O.T.O. nouvellement constitué. Car longtemps auparavant existait un Ordre du Temple — sous la direction de Jacques de Molay (1293-1313) — qui « prépara la Renaissance en fusionnant les Mystères de l'Orient et de l'Occident ».

Cet Ordre comprend également la Fraternité Hermétique appelée Illuminati, dirigé au XVIII ème siècle par le célèbre Adam Weishaupt. Bien que sa portée reste encore incalculable, elle est d'une importance incontestable quant à la présente renaissance magique.

Adam Weishaupt (1748-1830) fonda l'Ordre des Illuminati le 1er mai 1776. Il formula les principes fondamentaux de l'Ordre en des termes très similaires à ceux que Crowley utilisa plus tard dans le Liber Oz.

Le « Verbe Perdu » dans le système de Weishaupt est « Homme ». La régénération de ce Verbe exige que l'homme se retrouve lui-même, que la rédemption de l'humanité s'effectue par l'homme et à travers lui, que l'homme se gouverne lui-même et s'affranchisse des entraves des pouvoirs et des contrôles étrangers. En un mot, il doit devenir un roi à part entière en vertu de son héritage primordial.

Plus tard, l'idée d'« homme royal » deviendra fondamentale dans le système de Crowley. Elle est synonyme d'être Thélémite, c'est-à-dire quelqu'un qui a découvert sa Véritable Volonté (thélèma) et qui est capable de la faire. Ainsi, « Fais ce que tu voudras » sera toute la Loi.

Lorsque Crowley assuma le contrôle de l'O.T.O., il choisit comme devise « Deus est Homo » (« Dieu est Homme ») et il déclare dans le Liber Oz « Il n'est d'autre dieu que l'homme ». C'est à l'Homme que son Manifeste est adressé lorsqu'en 1924 dans la région Méditerranéenne il déclare que Thélèma est le Verbe de la Loi, conformément à ce qui lui a été révélé par Aïwass au Caire, vingt ans auparavant.


The Equinox, une série d'ouvrages volumineux que Crowley publia périodiquement et qu'il décrivait comme « l'encyclopédie de l'initiation », était également appelée « l'organe officiel de La Revue de l'Illuminisme Scientifique ». Parmi les noms de ceux qui, selon Crowley, représentèrent ce courant aux époques passées, apparaît le nom d'Adam Weishaupt.

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous !