vendredi 3 novembre 2017

Cabale et astrologie (troisième partie).



Un des livres en question.


Cet article est la suite de celui-ci.

Voici un passage du Midrash Rabba, consacré au Livre d’Esther pour la fête de Pourim (sorts) qui accorde une place importante à l’astrologie. Ce passage est extrait du deuxième Livre, chapitre XI :

« Puis iI se mit à examiner les signes du Zodiaque. Dans le signe du Bélier, il trouva le mérite de la Pâque comme il est dit : Que chacun se procure un agneau pour sa famille paternelle, un agneau par maison (Exode XII, 3).

Dans le signe du Taureau, il trouva le mérite de Joseph qui fit appelé bœuf comme il est dit : Son premier castré, qu'il est majestueux (Deutéronome XXXIII, 17) et aussi le mérite de l'offrande comme il est dit « Lorsqu'un bœuf ou un mouton ou un bouc est présenté, etc. » (Lévitique 30, 27).

Aux Gémeaux apparut le mérite de Peretz et Zérach qui furent appelés jumeaux comme il est dit : Regarde, il y a des jumeaux en elles (Genèse XXXVIII, 27). En Lion, on trouva le mérite de Daniel de la Tribu de Yehoudah  qui est désignée par le lion comme il est dit : Yehoudah est un jeune lion  (Genèse XLIX, 9). En Vierge, il y eut le mérite de Hananiah, Mishaël et Azariah qui étaient semblables à une jeune femme qui n'a pas connu d'homme sinon son époux. Aussi, ils ne changèrent point leur Dieu et restèrent fidèles à leur judaïsme. La Balance, c'est Job qui dit : Ah ! Si seulement on pesait mon chagrin en mettant en même temps mon malheur dans la balance ! (Job VI, 2).

Le Scorpion, c'est Ézéchiel : Tu demeureras au milieu des scorpions (Ézéchiel 11, 6). Le Sagittaire, c'est Joseph, comme il est dit : mais son arc est tendu fermement (Genèse XLIX, 24). Le Capricorne est Jacob, comme il est dit : Et elle mit les peaux des chevreaux sur ses mains (Genèse XXVII, 16). Le Verseau, c'est Moïse comme il est dit : Et en plus il a fait jaillir l'eau pour nous (Exode X, 19). En arrivant au Signe des Poissons, qui brille au mois d'Adar, Haman ne lui trouva pas de mérite et il se réjouit et dit : Adar n'a pas de mérite et son signe non plus ; Moïse leur maître est mort. Il ignorait toutefois que le 1er Adar, Moïse était né. 11 dit : Tout comme les poissons avalent et nous-mêmes nous avons avalé, à présent c'est vous qui serez avalés. »


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

La magie, un monde à plusieurs dimensions (deuxième partie).



Sefer Yetzirah (Livre de la Formation), version de Virya.


Cet article est la suite de celui-ci.

L'Arbre de Vie

L'Arbre de Vie est un schéma qui représente l'Homme Universel, le macrocosme, aussi bien que l'être humain, considéré comme microcosme.

L'Arbre de Vie est composé de dix sphères nommées Sephiroth (sephirah au singulier). Ces sphères sont connectées entre elles par vingt-deux lignes nommées « sentiers », qui représentent les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Les dix sephiroth et les vingt-deux sentiers sont réunis sous le nom de « trente-deux sentiers de la sagesse ».

Les sephiroth

Le mot Sephirah n'existe pas dans l'Ancien Testament. Tout au plus trouve-t-on dans Psaumes LXI, 15 le mot Sphoroth dont le singulier est Sephirah ou Sforah. Le sens du mot est « nombre, énumération, dénombrement ». Ultérieurement, Sephirah signifie « décompte » dans le traité NIdda 73a, et « écriture, enregistrement » dans Gittin 21b et Succah 24b. Les sens de livre, récit, et nombre coexistent. Au début de l'ère chrétienne, l'hébreu pouvait employer deux mots comme synonymes de nombre : Mispar et Sephirah.

Il faut attendre le Sefer Yetzirah (Livre de la Formation) pour voir mentionnées les sephiroth comme partie Intégrante d'un système spirituel élaboré. Le Sefer Yetzirah se présente sous la forme d'un petit livre, écrit vers les III ème - IV ème siècles après J. C., d'auteur inconnu. Il existe en trois versions dites : courte, longue, et de Saadia Gaon. Elles diffèrent à la fois par la taille des textes et par l'ordre de leur présentation. Il fut publié pour la première fois à Mantoue en 1562, mais il existe deux versions manuscrites plus anciennes datant toutes les deux du X ème siècle.

Ainsi que son nom l'indique, ce livre propose une théorie de la formation de l'univers. Il enseigne que ce dernier fut formé par trente-deux voies de sagesse : les dix sephiroth et les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Les dix sephiroth semblent être des nombres, tandis que les vingt-deux lettres signifient la puissance de l'écrit.

Si les textes sur lesquels repose la Qabale juive ne sont guère prolixes en schémas, apparurent très vite des figures qui se voulaient autant d'illustrations des processus métaphysiques que ces documents décrivaient. Ainsi, les dix sephiroth ont été représentées sous forme de diagrammes. Le plus largement utilisé est aujourd'hui l'Arbre de Vie (apparu sous sa forme actuelle au XIV ème siècle), sur lequel sont structurés les enseignements magiques contemporains.

Les sephiroth sont différents niveaux de manifestation de la Lumière incréée. Elles sont des réceptacles, dans lesquels la Lumière-Sans-Limite se densifie toujours un peu plus. La sephirah agit comme un voile coloré, qui atténue la lumière et lui donne sa couleur. Ces dix étapes successives permettent à l'homme de percevoir le reflet d'une Lumière qui l'éblouirait (ou le consumerait), s'il la contemplait telle qu'elle émane de sa source.

Les sephiroth sont surnommées « émanations numériques »' et représentent les formes abstraites des nombres un à dix. Chaque sephirah symbolise un attribut de Dieu et de l'homme qu'il fit à son image.

Lorsque la Lumière-Sans-Limite se condensa en un point, les dix sephiroth étaient potentiellement présentes dans ce point primordial. Un éclair  jaillit, développant les dix sephiroth selon l'ordre suivant :

1 Kether : la Couronne

2 Chokmah : la Sagesse

3 Binah : la Compréhension

4 Chesed : la Grâce

5 Geburah : la Force

6 Tiphereth : la Beauté

7 Netzach : la Victoire

8 Hod : la Gloire

9 Yesod : la Fondation

10 Malkuth : le Royaume

La Création s'effectue par l'action de puissances représentées graphiquement par les lettres de l'alphabet hébreu. Chaque lettre est chargée de force, étant la cristallisation visible d'une énergie qui la sous-tend. De même, en Inde, la mise en action de ces puissances s'appuie sur un jeu de formules sanscrites : les mantras pour les sons et les yantras pour les graphismes. « Par les noms et les images, toutes les puissances sont éveillées et ré-éveillées» rappelle le rituel de Néophyte de la Golden Dawn.

Les trois piliers

Les dix sephiroth sont réparties en trois colonnes ou piliers. La colonne de droite est le Pilier de la Clémence, celui de gauche le Pilier de la Sévérité. Le pilier central, dit « Piller du Milieu », est le facteur d'équilibre qui mêle et unit le Pilier de la Clémence et celui de la Sévérité.

Les Piliers de la Clémence et de la Sévérité sont les prototypes des deux colonnes Jakin et Boaz qui se trouvaient à l'entrée du Temple de Salomon et qui se trouvent toujours à l'entrée des temples maçonniques. L'un blanc, l'autre noir, ces deux Piliers représentent toutes les paires d'opposés. Par le Pilier du Milieu, la Qabale met l'accent sur une voie médiane, sur la nécessité d'emprunter « la voie de l'invariable milieu ». De même, le franc-maçon doit se situer « entre les colonnes ».

Les quatre Mondes

Selon la Qabale, avant que soit créé l'univers présent, «certains mondes primordiaux» furent formés. Mystérieusement désignés par l’Ecriture (Gen. XXX VI, 31-39) comme les « Rois qui ont régné dans le pays d'Edom », ils ne purent subsister.

Au commencement de notre monde actuel, les dix premières sephiroth émanées de la Lumière incréée étaient si puissantes que l'homme ne pouvait rien en percevoir. Voilant toujours plus leur éclat, ces sephiroth initiales émanèrent leur reflet. Le processus dut être répété quatre fois afin que la lumière soit suffisamment atténuée et diffuse pour être distinctement perçue par l'homme. De là proviennent les cinq Mondes des Qabalistes (l'Homme Universel et les quatre reflets).

Le premier monde qui émana de la Lumière Infinie sous forme du Point Primordial fut celui de l'Homme Universel (Adam Kadmon). Le monde suivant qui émana de l'Adam Kadmon fut celui de l'Emanation (Atziluth), également composé de dix sephiroth, mais d'une lumière atténuée.

Puis vinrent les sephiroth qui firent le monde de la Création (Briah), celles du monde de la Formation (Yetzirah) et celles du monde de l'Action (Assiah).

Dans chacun des cinq mondes, les dix sephiroth sont divisées en trois triades composées des neuf premières sephiroth, et de la dernière sephirah, Malkuth.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Cabale et astrologie (deuxième partie).


Le guide des égarés de Maïmonide.


ASTROLOGIE - ITSTAGNINOUTH - En hébreu, l'astrologie porte plusieurs noms : « Visionnaire dans les étoiles », « Sage des astres ».


Planètes et Sefiroth

Les kabbalistes du Moyen-âge ont tenté de concilier la symbolique de l'émanation séfirotique et la symbolique astrologique, mais ce n'était pas facile. Toutefois le Rambam (Maïmonide), avait préparé le terrain dans son Guide des égarés qui a inspiré de nombreux kabbalistes. À cette époque on ne parle pas encore de Sefiroth mais d’« intelligences » : « Si les philosophes modernes ont dit que les intelligences sont au nombre de dix, c'est qu'ils ont compté les globes ayant des astres et la sphère environnante, bien que quelques-uns de ces globes contiennent plusieurs sphères. Or, ils ont compté neuf globes : la sphère qui environne tout, celle des étoiles fixes, et la sphère des sept planètes" (Guide des égarés). On trouve plus loin une hiérarchisation des astres : « Tous les anciens rangeaient Vénus et Mercure au-dessus du soleil, et à cause de cela, ils comptaient les sphères au nombre de cinq : celle de la Lune, qui indubitablement, est près de nous, celle du Soleil, qui est nécessairement au-dessus d'elle, celle des cinq autres planètes, celle des étoiles fixes, et enfin la sphère qui environne le tout, et dans laquelle il n'y a pas d'étoiles ».

Le Rambam reconnaissait l'influence des astres et citait pour cela les paroles du Beréshith rabba  : « Il n'y a pas jusqu'à la moindre plante ici-bas qui n'ait au firmament son mazal (étoile ou astre), qui la frappe et lui ordonne de croître, ainsi qu'il est dit (Job 38 : 33) : « Connais-tu les lois du ciel, ou sais-tu indiquer sa domination (son influence) sur la terre ? ».

À l'époque où les astrologues ne travaillaient qu'avec sept planètes le système des dix sefiroth suffisait, mais la découverte de planètes supplémentaires peut nous encourager à repousser la lumière des Sefiroth encore plus loin.

Voici la synthèse des correspondances planétaires avec les Sefiroth, telle qu'on la retrouve le plus souvent dans la Kabbale moyenâgeuse et principalement d'après Ibn Waqar :

1.            Kether. Point de départ de l'épanchement, symbolise la Sphère non étoilée qui environne le tout. Elle est la manifestation de l'En-Sof dans la troisième série, c'est-à-dire l'infini de notre univers.

2.            Chomah : Moins absolue que Kether, renferme les trente-deux sentiers, représente la sphère étoilée ou, éventuellement, la sphère des fixes. On peut aussi tout simplement y attribuer le zodiaque.

3             Binah : A ce stade est le point de départ des forces d'impureté, principe conférant l'intelligence, la racine de la loi révélée. Correspond à Saturne.

4.            Chesed : La miséricorde, l'activité bienfaisante. Correspond à Jupiter.

5.            Gueburah : La rigueur implacable, appelée aussi « Grand feu » et considérée comme la cause du mal dans le monde. Correspond à Mars.

6.            Tiphereth : Mélange tempéré de miséricorde et de rigueur, reçoit le flux des Sefiroth supérieures et transmet la lumière aux Sefiroth inférieures, appelée pour cela « grande lumière ». Correspond au Soleil.

7.            Netzach: Miséricorde plus faible que Chesed. Correspond à Vénus.

8.            Hod : Rigueur plus faible que Gueburah, mélange des forces du bien et du mal sans action énergique vers les unes ou les autres. Correspond à Mercure.

9.            Yesod : Reflète et temporise la lumière de synthèse de Tifereth. Correspond à la Lune.

10.          Malkuth : Sefirah uniquement réceptrice, sans identité propre. Elle transmet en bien comme en mal le flux émanant des Sefiroth supérieures et particulièrement de Tiphereth. Correspond à la Terre.

Voilà .C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !