vendredi 25 août 2017

Compte rendu de « Gestalt thérapie » de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, onzième partie, « Self comme actualisation du potentiel ».


Sur cette photographie, trois des auteurs du livre : Fritz Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline


Osho nous dit : « Je peux parler indéfiniment car je n'ai pas d'enseignement. »

Je vais aborder à présent une des méthodes les plus actuelles de psychothérapie, la Gestalt thérapie, à travers le livre de Frederick Perls, Paul Goodman et Ralph Hefferline, Gestalt thérapie. Cet article fait suite à celui-ci

Voici un résumé d’une partie du chapitre 4, « Self, moi, ça et personnalité » intitulée « Self comme actualisation du potentiel.

Le présent, c’est le passage du passé vers l’avenir et passé, présent et avenir sont les stades d’un acte du self lorsqu’il contacte l’actualité (Il est vraisemblable que l’expérience métaphysique du temps soit avant tout une lecture du fonctionnement du self). Il est important de remarquer que l'actualité contactée n'est pas un état de fait « objectif », immuable et approprié, mais une potentialité qui, dans le contact, devient réalité.

Le passé, c'est ce qui ne change pas et qui, pour l'essentiel, ne peut être changé. En concentrant la conscience immédiate sur la situation réelle, le caractère passé de la situation est donné comme l'état de l'organisme et de l'environnement. Mais immédiatement, à l'instant même de la concentration, le donné immuable se dissout en possibilités multiples et est vu en tant que potentialité. A mesure que se poursuit la concentration, ces possibilités se reforment en une nouvelle figure qui émerge de la potentialité qui est fond ; le self se vit alors comme s'identifiant à certaines de ces possibilités et comme en aliénant d'autres. Le futur, ce qui vient, c'est la direction de ce processus, direction qui s'opère à partir des possibilités multiples, vers une nouvelle figure unique.

(Il faut souligner qu'il existe une expérience riche en contact d'un état objectif « immuable », d'un « objet ». C'est l'expérience d'une observation concentrée sur quelque chose, lorsqu'on adopte une attitude de confrontation et d'examen d'un objet mais qu'on s'interdit d'intervenir sur lui ou de l'ajuster de quelque manière que ce soit. C'est à l'évidence la capacité à assumer cette attitude, avec un Éros bien vivant, qui fabrique de grands naturalistes comme Darwin qui était capable de regarder avec fascination une fleur pendant des heures).

On dit que l'inhibition du self, dans la névrose, c'est l'incapacité à concevoir une situation comme changeante ou autre : la névrose est fixation sur un passé immuable. C’est vrai, mais la fonction du self ne se limite pas à accepter les possibilités ; c'est aussi les identifier et les aliéner, parvenir de façon créatrice à une nouvelle figure ; c'est opérer la différence entre les « réponses obsolètes » et le comportement, unique et nouveau, que requiert la situation.

Nous pouvons voir, une fois encore, à quel point le conseil habituel « Soyez vous-même » peut être trompeur car le self ne peut être ressenti que comme potentialité ; c'est dans le comportement présent que quelque chose de plus défini doit émerger. L'anxiété éveillée par ce conseil, c'est la peur du vide et la confusion d'un rôle aussi indéfini. Le névrosé, en se comparant à une certaine conception vaniteuse de son moi, se sent sans valeur ; au-dessous de cela, il y a la peur du comportement refoulé qui pourrait émerger de ce vide.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

« Le Théâtre de la Mémoire » de Giulio Camillo (neuvième partie).

Camillo s'inspire du Songe de poliphile de Francesco Colonna pour la description de son théâtre.

Je me suis rendu compte, plusieurs semaines après avoir écrit mon article « Histoire de la Mnémotechnie : Moyen Age, Renaissance & Dix-Septième siècle »  que j’avais oublié de mentionner le travail de Giulio Camillo (1480-1544), un érudit italien, qui a consacré toute sa vie à la fabrication d’un édifice qu’il appela le Théâtre de la Mémoire et qui était un gigantesque théâtre décoré d’images, conçu afin de mémoriser l’ensemble des connaissances de l’époque.
Vers la fin de sa vie, Camillo consacra sept matinées à dicter à Girolamo Muzio une esquisse de son Théâtre. Après sa mort, le manuscrit passa entre d’autres mains et il fut publié à Florence et à Venise en 1550 sous le titre L'Idea del Theatro dell' eccellen. M. Giulio Camillo. C'est cet ouvrage qui nous permet de reconstruire le Théâtre dans une certaine mesure. Il a été traduit en français sous le titre Le Théâtre de la Mémoire de Giulio Camillo aux éditons Allia et comporte sept chapitres. Je vais vous donner un résumé du texte de chacun de ceux-ci avec des commentaires explicatifs par rapport aux croyances de l’époque et de l’auteur.
Le texte du chapitre d’ouverture « Le premier degré » se poursuit de cette façon : 
« Nous avons attribué à chaque planète, en imitant l’ombre de ses ascensions, sept portes, degrés ou distinctions comme il nous plaira de le nommer.
Mais afin d'ordonner l'ordre, si l'on peut dire, avec une clarté telle que nous rendions les savants semblables à des spectateurs, nous leur présenterons ces sept mesures soutenues par les mesures des sept planètes, à la manière d'un spectacle ou, dirons-nous, d'un théâtre composé de sept degrés. En effet, les théâtres antiques étaient ordonnés de la manière suivante : sur les gradins les plus proches du spectacle se tenaient les personnes les plus honorables, puis, au fur et à mesure que l'on s'élevait dans les gradins étaient assises des personnes de moindre dignité, jusqu'aux artisans qui se tenaient sur les gradins les plus élevés. Ainsi, les gradins les plus proches étaient réservés aux plus nobles pour leur permettre non seulement d'être plus près du spectacle mais également de ne pas être gênés par la rumeur des artisans.
C'est pourquoi, en suivant l'ordre de la création du monde, nous placerons dans les premiers degrés les choses les plus simples, les plus dignes ou celles dont  nous pouvons imaginer que le plan divin les a placées avant les autres choses créées. Puis nous disposerons les suivantes de degré en degré, de telle sorte que dans le septième, c'est-à-dire dans le dernier degré supérieur, se tiendront tous les arts et toutes les facultés soumis à des règles, non parce qu'ils sont moins dignes, mais parce qu'ils ont été en quelque sorte découverts par les hommes en dernier.
Dans le premier degré, nous verrons donc sept portes dissemblables puisque chaque planète sera peinte sous forme humaine sur la porte de la colonne qui lui est destinée. Cependant pour la colonne du Soleil, lieu le plus noble de tout le Théâtre, nous voulons qu'Apollon, qui par sa nature aurait dû être peint sur le même degré que toutes les autres planètes, cède la place au Banquet de l'ensemble des Êtres qui est une image de la divinité. Sous la porte de chaque planète seront donc conservées toutes les choses appartenant à la mesure de son correspondant supracéleste, à celle de sa planète ainsi que les fictions des poètes à ce sujet, comme nous le préciserons pour chacune. »


Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro.