dimanche 16 avril 2017

Compte rendu de « La seconde vue dévoilée » (1849) d’Antoine François Gandon (quatrième partie).




La femme de Robert Heller, qui est un des premiers prestidigitateurs à proposer un numéro de seconde vue aux États-Unis.



Je ne m’étais pas rendu compte jusqu’à maintenant qu’il n’y avait pas sur les blogs ou les sites de mentalisme de langue française de comptes rendus d’ouvrages sur ce qu’on appelait la « seconde vue » au dix-neuvième siècle et qu’on appelle télépathie simulée au vingt et unième siècle. Je vais essayer par quelques articles de combler ce manque.

La première méthode de télépathie simulée a été révélée par Antoine François Gandon, un ancien militaire, en 1849, dans son livre La seconde vue dévoilée en copiant les codes de Robert Houdin.

J’ai exposé dans de précédents articles comment transmettre grâce au système codé un seul chiffre, un nombre composés de deux chiffres, un nombre composés de trois chiffres. Il y a évidemment des  techniques pour un nombre de quatre chiffres, cinq chiffres, six chiffres, que je vous invite à étudier dans l’ouvrage de Gandon. A présent nous allons aborder la façon de communiquer par la télépathie simulée le nom d’un objet.

« Pour les objets, les noms propres ou communs, les fleurs, les cartes, les noms d'animaux, etc., etc., la difficulté consistait, comme pour les nombres, à trouver dans notre langue une manière de s'exprimer qui ne parût pas extraordinaire au public, tout en indiquant au compère le nom ou la chose qui avaient été proposés. Il était impossible d'employer des mots entiers de convention pour signifier les questions à résoudre, c'eut été un dictionnaire complet et la mémoire la plus heureuse n'eut pu suffire à un pareil travail. Le merveilleux de ces expériences consiste dans la rapidité de la réponse du compère; or donc il ne doit pas exister de sérieuses difficultés pour ce dernier.

Si nous avons parfaitement réussi dans nos expériences, c'est à l'aide de la méthode suivante qui consiste à changer simplement la valeur des lettres de notre alphabet.

Nous prions le lecteur de suivre avec beaucoup d'attention les détails suivants, car c'est dans cet alphabet de convention que réside tout le mystère.

Pour faire deviner un objet, le professeur doit composer une phrase avec des mots commençant par les lettres qui, dans l'alphabet ordinaire se trouvent immédiatement après les lettres qui forment le nom de l'objet présenté. Si le nom de cet objet commence par un C, le professeur emploiera la lettre D pour commencer sa phrase.

Si la seconde lettre du nom commence par un O, le professeur se servira de la lettre P pour commencer le second mot. Sauf les exceptions forcées (exceptions que nous indiquerons plus tard) il ne s'écartera pas de cette base. Nous allons donner ici le tableau de l'alphabet ordinaire avec la valeur attribuée à chaque lettre dans les expériences de seconde vue.

Alphabet ordinaire et signification des lettres.

A signifie la lettre V, parce que la lettre. X qui vient après le V ne peut commencer un mot d'interrogation.

B             A.

C             B

D             C.

E             D.

F             E.

G. Il n'existe pas beaucoup de mots commençant par des G qui puissent servir à poser une question, il fallait donc un mot de convention, nous avons choisi « Regardez » pour remplacer la lettre F.

H             G.

I              H.

J              I.

K. N'a pas de valeur, car il n'existe pas de mot commençant par un K pour faire une demande.

L              K. Pour faire deviner une lettre K isolée, car dans la prononciation cette lettre est remplacée par le C.

X, Y, Z, W             Il fallait de toute nécessité des signes de convention pour remplacer les lettres X, Y, Z et W ; L'emploi de ces lettres est presque nul dans !a conversation ordinaire ; voici les mots qui indiquent ces lettres: X : "C'est facile" ; Y : "C'est bien facile" ; Z  "C'est très facile" ; W : "Annoncez à présent".

Si, par exemple, on pose la lettre X, le professeur dira : « C'est facile de dire cette lettre. »

Le compère ne cherchera pas à composer un mot, puisque dans la question il ne lui est parlé que d'une lettre,

Observations.
On vient de voir dans le tableau précédent que le professeur doit employer les lettres qui viennent après celles qui composent ordinairement un mot pour for mer sa phrase ; le compère n'a donc qu'à s'occuper d'une chose : prendre la première lettre de chacun des mots prononcés par son professeur et rendre à ces lettres leur valeur primitive. Cette méthode est parfaitement sûre, mais, comme il y a une foule de mots qui commencent de la même manière et qu'il est essentiel de ne pas se tromper, le professeur a soin d'indiquer dans sa phrase qu'il s'agit d'un animal, d'un objet portatif, d'une fleur, d'une carte, etc.

Voici comment il procède :

Il se sert du verbe « indiquer » dans la composition de sa phrase, s'il s'agit d'une partie du corps de l'homme ou d'un animal.

Exemple : Une personne montre son bras, le professeur pourra dire :
« Citez sans balancer ce que j'indique. »
b             r              a

Le compère est prévenu par le verbe « indiquer » qu'il s'agit d'une partie du corps : il ne pourra donc se tromper, et comme il a trouvé dans la première lettre de chacun des trois premiers mots de la demande « Citez Sans Balancer » les trois lettres B, R, A (la lettre S étant inutile pour la prononciation) il répond :

« Vous indiquez le bras. »

Dans un prochain article, vous découvrirez les verbes dont il faut se servir pour désigner soit un habit, soit un objet immobile, soit une matière, etc.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.