jeudi 19 janvier 2017

Quelques notions de Gestalt thérapie : la théorie du «self» (quatrième partie).




Sans commentaire


Cet article est la suite de celui sur l’«awareness (Je sais, cela fait un peu penser à Jean-Claude Van Damme mais c'est très sérieux.)

Un « self » ouvert 24 heures/24

Tout organisme vivant dépend de son environnement et se développe en interaction avec lui. Une plante a besoin d’air, d’eau, d’espace pour s’épanouir. Dans sa croissance, elle est en contact permanent avec les différents éléments qui l’entourent. Elle réagit au sol dans lequel elle pousse, à la lumière, aux saisons ; elle s’épanouit, s’adapte, s’étiole, au gré des échanges avec d’autres éléments. De la même façon, chaque individu s’ajuste en permanence avec son environnement. Il le fait pour satisfaire ses besoins vitaux, mais aussi pour répondre à ses aspirations et à ses désirs. Il s’épanouit, freine son élan, fuit, agresse ou s’ouvre selon les circonstances. Ce processus d’ajustement aux autres et à notre milieu est nommé le « self ». C’est notre manière personnelle de réagir aux circonstances de la vie.

Le self en fonction
Pour appréhender notre capacité à vivre et à gérer notre énergie, la Gestalt envisage le fonctionnement du self selon quatre modes: le ça, le moi, la personnalité, le mode moyen (ces notions étant propres à la Gestalt). Ces modalités de contact décrivent le système d’ajustement créatif dans ses différents registres.

1) Le ça
C’est le mode des pulsions, des besoins et des désirs. Dans ce registre, le corps occupe le premier plan, il est en figure sur le fond de notre expérience. « J’ai faim ; j’ai envie de bouger; je ressens du désir pour cette personne... » Ces ressentis émergent malgré nous, nous les vivons dans un premier temps sur un mode passif : « ça » parle en nous, « ça vibre et ça frémit », « ça » se manifeste en nous.

2) Le moi
C’est le registre du choix et de la responsabilité. Il a pour qualité d’identifier les besoins, les désirs et les pulsions liés au ça. « Je veux, je ne veux pas, je décide, j’entreprends... » Le moi agit sur un mode conscient, actif et affirmatif.

3) La personnalité
C’est l’idée que chacun se fait de lui-même. Cette idée peut évoluer au fil de la vie mais elle se construit néanmoins d’une manière assez stable. « Je suis très à l’aise en société... Je suis une personne secrète... Trouver un sens à sa vie est important pour moi... » C’est la somme des expériences passées, la mémoire de notre continuité en tant que personne, le continuum évolutif et relativement stable de notre expérience de vie.

4) Le mode moyen
Dans ce mode, l’énergie s’écoule librement, tout circule, ça se fait tout seul, nous sommes dans le lâcher­prise du vécu. « Je me laisse aller, je me relâche. » Je suis en train de nager dans l’océan, je suis au cœur de mes sensations, en plein contact avec l’environnement.

Ces différents aspects du « self » permettent au thérapeute de repérer la libre circulation de l’énergie et de ses éventuelles ruptures. Cette approche est un outil précieux: une grille de lecture et un instrument de repérage dans l’univers du fonctionnement humain. Elle éclaire la manière dont chaque personne investit ou non le contact. Précisons que cette lecture synthétique ne reflète pas la qualité d’être et d’échange qui peut advenir lors d’une séance thérapeutique. Si vous utilisez une boussole pour vous repérer lors d’une randonnée, elle vous donne des indications sur votre situation géographique. Mais ces repères ne parlent ni de votre relation avec votre environnement, ni des subtilités du parcours que vous allez accomplir, pas plus que de la richesse de votre vécu. Or c’est sur tous ces éléments que repose la dynamique thérapeutique de la Gestalt: créer une qualité d’être et de présence à soi-même et avec l’autre.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Compte rendu de « Une mémoire infaillible, briller en société sans sortir son smartphone » de Sébastien Martinez, un excellent livre actuel sur la mnémotechnie (première partie)





Une nouvelle référence sur la mnémotechnie


Je suis toujours très heureux quand paraît, dans un paysage éditorial qui n’est pas toujours génial, un très bon livre sur la mémoire et la mnémotechnie (un de mes domaines de prédilection). Actuellement, depuis la fin de l’année 2016, Sébastien Martinez, champion de France de mémorisation 2015, nous propose un ouvrage remarquablement bien fait et plein d’idées sur le sujet, Une mémoire infaillible, briller en société sans sortir son smartphone. Je n’avais rien lu de cette qualité sur cette thématique depuis Mémento de la mémoire, améliorez votre mémoire au quotidien de Benoît Rosemont et Comment développer une mémoire extraordinaire de Dominic O’Brien.

Pour pousser plus loin la comparaison, Sébastien Martinez a comme Dominic O’Brien la générosité de nous révéler presque tous les secrets les mieux gardés de la mnémotechnie (notamment ceux des champions du monde de mémoire comme le système PAO).

Le chapitre que je préfère est le chapitre 4 « Créer son propre langage » car c’est bien de cela qu’il s’agit en mnémotechnie. Au début, vous apprenez ce qu’on pourrait appeler un langage codé pour retenir mieux (table de rappel, palais de mémoire, code chiffre-lettre, etc.). Mais après, quand vous possédez beaucoup de maîtrise de ces codes, vous pouvez vous créer les vôtres, vos langages.

Je vais vous donner un exemple : personnellement, j’ai appris, dans le livre de Tréborix Souvenirs et mémoire en 1983, comment associer les 52 cartes d’un jeu à 52 images différentes, ce qui permet de mémoriser l’ordre d’un jeu grâce à votre « palais de mémoire ». Mais, depuis, je me suis créé ma propre méthode : j’ai associé la couleur cœur aux gens que j’aime, la couleur pique aux gens que je déteste, la couleur trèfle à mes collègues de travail, la couleur carreau aux mentalistes que je connais. Dans chaque couleur, il y a naturellement treize cartes-personnages, roi, dame, valet, dix, etc., personnages qui correspondent tous à une caractéristique que je leur ai assignée : ainsi, j’ai décidé que le neuf serait toujours une personne Nouvelle (jeune) : le neuf de carreau est le mentaliste Luca Volpe qui est le plus jeune mentaliste que je connaisse, le neuf de trèfle est un de mes collègues de travail très jeune, etc. Cela m’a donné 52 personnes, correspondant chacune à une carte de mon jeu. Je ne vous dis pas bien sûr quelles sont ces 52 personnes parce que je ne veux pas que tout le monde connaisse mon truc ! Rassurez-vous, je déconne, vous trouverez ce type de classification thématique dans le livre de Sébastien Martinez (p.97) : en effet, le britannique Ed Cooke, ancien champion du monde de mémoire, a eu exactement la même idée que moi  ou peut-être, plus modestement, j’ai eu la même intuition que lui !

Le plus beau passage du livre se trouve dans la conclusion : « Un art de l’attention ». « L’art de la mémoire est un art de l’attention. C’est en cela aussi qu’il est urgent de l’enseigner. En nous permettant de focaliser notre attention sur un objectif de plus en plus précis, il nous aide à la développer dans mille autres circonstances. Il nous permet de gagner en concentration et donc en sérénité. Il nous aide à ne plus nous disperser. A retrouver notre autonomie. Et donc notre confiance en nos propres capacités.

Avoir une bonne mémoire n’est pas une finalité en soi. Il ne s’agit que d’un moyen vers une existence plus sereine. L’art de la mémoire, à l’instar de l’hypnose, du yoga, de la sophrologie ou de la méditation, aide à se recentrer, à être présent à l’instant. Il nous invite à chercher en nous-mêmes ce après quoi nous courons en vain. »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.