mardi 17 janvier 2017

La "Présence", le premier concept essentiel de la Gestalt thérapie





Le magasine "Life” publie, en 1968, la photo de Perls en couverture, en titrant ainsi : « Voici un homme qui vit dans l’authenticité absolue et incarne ce qu’il professe ! » 


Friedrich Salomon Perls (qui adopta plus tard le surnom de Fritz), le créateur de la Gestalt thérapie, naît en 1893, dans un obscur quartier du ghetto juif de Berlin. C’est en 1951, après une longue pratique de psychanalyste, qu’il crée une thérapie totalement innovante, la Gestalt, dont la Programmation Neuro Linguistique, par la suite, s’inspirera très largement.

 Sa vie n’est pas un exemple d’équilibre  et de stabilité psychologique ; elle apparaît comme une longue suite d’événements chaotiques. Il connaît tour à tour les succès et les traversées du désert, et ce n’est qu’à l’âge de 75 ans qu’il acquiert enfin une renommée internationale de psychothérapeute génial et de théoricien d’une psychologie révolutionnaire.

Je vais débuter un concept qui est une des bases de la méthode de Gestalt thérapie : la présence.
Même si nous sommes tous différents, nous partageons la particularité d’être en contact et en adaptation permanents avec notre environnement. Nous vivons chacun ce processus à notre manière, selon notre histoire, notre personnalité et le contexte qui nous sont propres. Qui sommes-­nous, comment évoluons­-nous en tant qu’organisme vivant, pensant, sentant ? Comment sommes­-nous en présence avec les différents aspects de notre être ? Quelle est notre capacité d’harmonisation, d’ouverture, de fermeture, d’expansion à tout ce qui compose notre existence ? Face à ces interrogations, la Gestalt privilégie le fait d’être attentif à notre manière unique d’évoluer dans un univers spécifique. Elle encourage la prise de conscience de nos besoins et de nos aspirations en tant qu’individu.

Comment construire notre vie si nous ne sommes pas à l’écoute de nous-mêmes ? Ce que nous éprouvons de notre vécu et le sens de notre évolution ne se trouvent pas à l’extérieur de nous, mais bien dans la conscience de notre ressenti, instant après instant. Il s’agit donc de favoriser un retour vers nous­-même, notre corps, nos sensations, nos émotions, et vers toutes les formes que prend la vie pour circuler et s’exprimer en nous.

Vivre une bonne qualité de présence à soi-même implique une meilleure qualité de contact avec les autres. Certaines personnes qui entament une thérapie craignent l’égoïsme que pourrait impliquer le retour à soi. « Si je me centre trop sur moi, si je m’écoute, je vais devenir égoïste. » Elles n’ont pas encore intégré le fait que, plus elles avanceront dans la connaissance d’elles-mêmes, dans la prise de responsabilité de leurs sentiments, de leurs émotions et de leurs besoins, plus elles seront ouvertes aux autres.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

Présentation de deux spectacles du théâtre Apollo par le mentaliste Giorgio.




L'affiche du premier spectacle


A la fin de la première de Mental expert (saison 7), le mentaliste Giorgio a présenté deux spectacles qui ont lieu au théâtre Apollo, ce que je trouve à la fois super-sympa et intelligent de sa part : le premier s’appelle Puzzling et est interprété par ceux qui se font appeler les illusionnistes (mentalisme et magie) et ont pour nom Matthieu Vilatelle et Rémy Berthier et le deuxième, Hypnose comedy par El Lokoho. Naturellement, j’irai voir les deux spectacles pour me faire une opinion et ensuite, vous en parler, si je les ai trouvés bons.

1) Évidemment, dans Puzzling, je m’intéresserai principalement au mentalisme (mais aussi bien sûr à la magie, cela fait 45 ans que cela me passionne). Pour la bonne bouche, un petit extrait de leur flyer : « Quelles sont les chances pour que deux spectateurs qui ne se connaissent pas, choisis au hasard, réalisent le même dessin ? Est-il possible de prédire les choix des spectateurs ? De faire le même rêve qu’une spectatrice ? » Enfin, cerise sur le gâteau, chaque soir, 1000 euros sont mis en jeu pour les spectateurs qui se sentent de défier les lois du hasard !

2) Quant à El Lokoho dans Hypnose comedy, je vais analyser bien sûr sa technique (je fais quand même de l’hypnose depuis 33 ans) mais aussi je tenterai de le comparer aux hypnotiseurs dont j’ai vu le spectacle dernièrement, c’est-à-dire Messmer (je vous le déconseille), Cyrille Arnaud et Hervé Barbereau, le meilleur de tous de très loin. On m’a dit qu’en plus El Lokoho est drôle. Je m’en lèche les babines d’avance.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

Extrait de mon livre "Jorge Luis Borges, une autre littérature" (deuxième partie).


Borges était aveugle




Je viens de recevoir une lettre de mon éditeur Les Belles Lettres qui me détaille le montant de mes droits d'auteur pour mon livre Jorge Luis Borges, une autre littérature. Je trouve la somme qu'ils me versent minable et scandaleuse. J'ai donc décidé de publier ce livre gratuitement sur Internet. Pour les magiciens, il faut savoir que Jorge Luis Borges, auteur argentin qui a quand même failli avoir le prix Nobel, était passionné par la prestidigitation. Une nouvelle de lui dans son livre Six problèmes pour Don Isidro Parodi "Les douze signes du Zodiaque" est entièrement basée sur un principe bien connu de mentalisme (c'est à vous de trouver ! ).

Introduction

1) Borges, invention française
Si l’on analyse la carrière internationale de Jorge Luis Borges, on peut parfois avoir le sentiment que l’auteur ar­gentin est une invention (au sens premier du terme qui est celui de découverte) de l’intelligentsia française. Dès 1922, alors qu’il n’a que 23 ans, une revue lyonnaise, Manomètre, publie un de ses poèmes, Samedi. En 1925, Valéry Larbaud écrit au sujet d’Inquisiciones (Inquisitions), son premier re­cueil d’essais : « Inquisiciones par Jorge Luis Borges est le meilleur livre de critique que nous avons reçu à ce jour, de l’Amérique latine [...] Nous saluons en ce livre le début d’une nouvelle époque de la culture argentine. » Pour cou­ronner le tout, en août 1933, la revue argentine Megáfono consacre un numéro spécial à Borges, et dans le texte d’ouverture Pierre Drieu La Rochelle déclare en français : « Bor­ges vaut le voyage ». En 1939, la revue française Mesures fait paraître pour la première fois dans une langue étran­gère une nouvelle de l’auteur argentin. Il s’agit de L’Approche d’Almotasim traduite sous le titre L’Approche du caché.

C’est ensuite un écrivain et sociologue français, Roger Caillois, qui prendra le relais, d’une façon décisive, dans la diffusion internationale de l’œuvre de Borges. Ayant pro­grammé une série de conférences en Argentine, il y est re­tenu par la guerre et y fait paraître à partir de 1941 Lettres françaises, des cahiers trimestriels de littérature française édités par les soins de la revue Sur (Sud). Dans son numéro 14, en 1944, paraissent dessyriennes : La Loterie à Babylone et La Bibliothèque de Babel. En 1951, le recueil de nouvelles Fictions est le numéro un de la nouvelle collection de Gallimard « La Croix du Sud » dédiée à la littérature sud-américaine et dirigée par Roger Caillois. Celui-ci n’aura de cesse de faire connaître l’œuvre de Borges au monde entier, y parvenant enfin, en 1961, grâce au prix Formentor offert par un regroupement inter­national d’éditeurs. Là encore, Caillois fait partie du jury, re­présentant les éditions Gallimard. Les premiers lauréats en seront conjointement Borges et Samuel Beckett.

Mais ce qui restera dans l’esprit du public français et peut-être international, c’est une allusion à l’auteur argen­tin dans la préface d’un ouvrage d’un des grands intellec­tuels du siècle, Les Mots et les choses de Michel Foucault : « Ce livre a son lieu de naissance dans un texte de Borges [...]. Ce texte cite «une certaine encyclopédie chinoise » où il est écrit que «les animaux se divisent en : a) appartenant à l’Empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochons de lait, e) sirènes, f) fabuleux, g) chiens en liberté, h) inclus dans la précédente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau, l) et cetera, m) qui viennent de cas­ser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches ». Dans l’émerveillement de cette taxinomie, ce qu’on rejoint d’un bond, ce qui, à la faveur de l’apologue nous est indiqué comme le charme exotique d’une autre pensée, c’est la li­mite de la nôtre : l’impossibilité nue de penser cela



 Par la suite, Borges continuera avec constance à être un des écrivains étrangers préférés de l’édition française et de son intelligentsia : après un magnifique numéro des Ca­hiers de l’Herne en 1964, pas moins de trois du Magazine littéraire lui sont consacrés (1979, 1988, 1999) et la recon­naissance finale sera la publication de ses œuvres complè­tes à partir de 1993 en deux volumes dans la prestigieuse «Bibliothèque de la Pléiade » des éditions Gallimard.

Pourtant, si l’on se penche sur l’énorme bibliographie de Borges, on s’aperçoit rapidement que cette reconnais­sance éditoriale et critique comporte d’incroyables lacu­nes. 

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.