jeudi 2 novembre 2017

La magie, un monde à plusieurs dimensions (première partie).



L'Arbre de Vie de la Qabale.


Cet article est la suite de celui-ci.

Bien  que souvent considérée comme « surnaturelle », la magie s'appuie sur un jeu de lois parfaitement définies. Alors qu'elle a été remplacée dans la conscience populaire par les hypothèses rationalistes du siècle des lumières et de la science moderne, la vision de l'univers qui réside au cœur de l'hermétisme occidental exerce une fascination puissante pour une raison simple : elle fonctionne.

Au centre de cette vision du monde est la notion de plusieurs plans (ou mondes) de conscience invisibles qui s'étendent bien au-delà tout en interpénétrant largement le nôtre. Ces plans toujours plus subtils sont les lieux (ou les fréquences, pour utiliser un langage radiophonique) de différents niveaux de conscience. Dans chaque plan résident des hiérarchies d'entités ou d'énergies parmi lesquelles les dieux (ou les attributs de Dieu), les archanges, les anges, les forces planétaires, les âmes (incarnées et désincarnées). Par un entraînement et une discipline adéquats, le magicien peut entrer en contact avec ces plans, interagir avec ses habitants, acquérir un savoir et une sagesse, exercer un pouvoir, ou revenir pour raconter son aventure.

Cette conception de mondes intérieurs et extérieurs (ou supérieurs et Inférieurs) doit beaucoup à Platon, bien qu'on en retrouve le principe dans les exposés philosophiques du pseudo-Denys, les anciens écrits hermétiques, les sages soufis tels qu'Ibn Arabi et Ibn'Sina, le poète Dante, et divers qabalistes. On peut établir des parallèles éloquents avec la cosmologie des traditions orientales du tantrisme et du yoga.

Dans cette vision du monde, les planètes et les étoiles qui sont au-dessus de nous représentent le Macrocosme (le Grand Monde) alors que chaque être humain est un Microcosme (le Petit Monde). L'axiome hermétique provenant de la Table d'Emeraude « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, afin que s'accomplisse le miracle de l'unité. » illustre ce principe.

Une géographie spirituelle

Les diverses forces à l’œuvre dans les mondes intérieurs ne sont pas un magma chaotique d'entités, d'énergies, de qualités imprévisibles ; elles ont un rythme, une raison d'être qui a été systématisée sous la forme de quelques diagrammes-clefs. Par l'étude et la pratique, le magicien intériorise ces diagrammes jusqu'à ce que leurs hypothèses et leurs symboles deviennent une seconde nature.

Le plus simple de ces schémas est celui des quatre Éléments : Air, Feu, Eau, Terre. Le magicien se place dans un cercle magique sur lequel se répartissent les quatre directions de l'espace. A chaque direction est associé un Élément, un archange, une arme magique, un domaine d'étude. En s'enracinant dans cette structure, le magicien établit un lien avec le plan physique avant de se concentrer sur d'autres plans.

Toujours en rapport avec les Éléments, une vision plus complète tient compte de celui dont jaillissent les quatre autres : l'Éther des philosophies antiques, la quintessence (cinquième essence) des alchimistes, l'Akasha du tantrisme, la rose qui fleurit au centre des quatre branches de la croix. Le pentagramme en est une image possible.

Un troisième schéma fondamental en magie est l'Arbre de Vie de la Qabale. Tel qu'il était utilisé par les qabalistes hébreux, l'Arbre représentait à l'origine dix aspects ou qualités de Dieu allant du plus abstrait jusqu'au plus accessible. Reprises au cours des siècles par la tradition magique occidentale, les dix sphères de cet Arbre en sont venues à représenter différents grades et niveaux de conscience accessibles au magicien par l'invocation ou la visualisation rituelles. Leur sont associés des symboles, des anges, des noms divins, des couleurs, etc.

En magie, le travail sur les sentiers consiste à opérer (rites, visualisations) sur les liens qui relient les sphères les unes aux autres. En évoquant en soi les qualités associées à ces sentiers, en communiquant avec les formes d'intelligence qui les habitent, en observant les effets subtils ou les événements significatifs qui surgissent dans la vie quotidienne à la suite d'un tel travail.

La magie n'a rien à voir avec le satanisme ou les messes noires. Ses caricatures n'ont pas plus de rapports avec elle que la gourde en plastique en forme de Sainte Vierge n'en a avec les hauteurs mystiques de Saint Jean de la Croix. Comme le souligne Robert Ambelain : « Le kabbaliste qui brûle son encens devant le Pentacle où flamboie le divin Tétragramme n'est pas un être différent du prêtre catholique en adoration devant l'ostensoir ou du lama devant l'image de la déité protectrice. Son état d'âme est celui de tous les mystiques, et il a droit au même respect que le moine de Solesmes ou de Saint-Wandrille. ».


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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