dimanche 5 novembre 2017

Abraham Aboulafia, inventeur de la Kabale mystique (deuxième partie).






La guématria.


Cet article est la suite de celui-ci

L'Epître des sept voies.

Abraham Abulafia a laissé un écrit intitulé L'Epître des sept voies. Le titre est parlant: il y a sept voies d'accès à l'initiation kabbalistique. Sept voies selon le degré d'avancements spirituel de l'individu qui veut s'y engager.

La première consiste en une lecture des textes sacrés (la Bible essentiellement). C'est une voie encore exotérique, mais elle est indispensable au commencement. Car, dit Abulafia, tous avant d'avoir été initiés ont fait partie de la foule. Ce n'est que plus tard, sous l'influence des circonstances (le don personnel et le fait d'avoir été choisi par un maître) que certains se mettent à étudier tandis que les autres restent sans connaissance de l'alphabet hébraïque. Aux ignorants, aux « illettrés en initiation », il faut que les élus transmettent un savoir minimum de manière à ne pas les laisser totalement dans l'obscurité.

La seconde voie consiste en une compréhension de ce qu'on lit en s'appuyant sur de multiples commentaires. La troisième en une intelligence des textes traditionnels (livres sacrés, mythes, etc.) en les comprenant allégoriquement. Ainsi Hercule est l'allégorie de la force, Salomon celle de la sagesse, etc.

La quatrième voie marque un progrès: elle consiste à questionner les paraboles: pourquoi Hercule nettoie-t-il les écuries d'Augias? Pourquoi le roi Salomon s'éprend-il de la reine de Saba?

Mais toutes ces voies que nous venons de citer sont ouvertes aux érudits de toutes les nations. C'est même à cela que l'on passe son temps dans les universités. 

Seule la cinquième voie commence à être proprement kabbalistique. C'est dans cette cinquième voie que l'on découvre, par exemple, ce que la Bible hébraïque a voulu enseigner par le fait que sa première lettre est un Beth. (Béréchit = Au commencement). On apprend ici pourquoi vingt-deux lettres apparaissent en tout et pour tout. Pourquoi le de "Ve hara" (Sa colère brûla) doit se présenter sous une certaine forme; pourquoi les deux Nun qui encadrent les versets 35 et 36 du chapitre X du Livre des Nombres se présentent d'une manière donnée. Une infinité de choses, dit Abulafia, nous ont été transmises par la tradition: les pleins et les déliés, les lettres recourbées, les lettres pleines, etc. Rien n'a été laissé au hasard. L'étudiant en Kabbale commence à s'éveiller.


On se souvient (voir premier article) qu' Aboulafia était déjà adepte du tserouf (ou temura).

La sixième voie va encore plus loin. Elle ne convient qu'à ceux qui se sont mis en quête du nom de Dieu et qui sont capables de capter le grand agent magique. Cette méthode mène au secret des soixante-dix langues par la méthode de la guématria et de la combinaison des lettres à leur « matière première ».

La guématria (du grec geometria) consiste en une exégèse, un commentaire du texte saint basé sur la valeur numérique des lettres de l'alphabet. Chaque mot a de la sorte une valeur numérique par laquelle il renvoie à un autre mot de même valeur. La guématria met aussi en œuvre des systèmes d'équivalence qui permettent, comme nous le verrons dans un prochain article, de substituer une lettre à une autre. Et à propos des dix Séphirot, Abulafia explique que toute chose vient par dizaine: Moïse, dit la tradition, est monté dix fois sur le Sinaï; le monde a été créé en dix paroles mystiques; les Commandements sont au nombre de dix, etc.

Outre la guématria, la sixième voie a recours à plusieurs techniques: le notarikon, les permutations, les substitutions de lettres, etc. Le texte sacré peut ainsi devenir véritablement un miroir. Le notarikon consiste à interpréter les mots comme des sigles où chaque lettre du mot est l'initiale d'un autre mot (Exemple: Adam donne Abraham, David, Abou, Melchisedek). On peut encore décomposer les mots en deux ou divers éléments ayant eux-mêmes une signification particulière. Ces opérations dont parle Abulafia peuvent être théoriquement répétées jusqu'à l'infini, mais il faut s'arrêter à une dizaine de fois, à cause de la faiblesse de l'esprit humain.

Quant à la septième voie, enfin, elle est unique en son genre; elle est le lieu du sacré par essence; c'est en elle que prend naissance le grand agent magique. Atteindre cette voie mène à la prophétie. Cette voie donne le moyen d’approcher le nom secret de Dieu et de s’en imprégner. Elle est transmise oralement et rituellement.


Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire