jeudi 10 août 2017

Compte rendu de « L’art de la mémoire » par Frances A.Yates, chapitre 6 : La mémoire de la Renaissance : le Théâtre de la Mémoire de Giulio Camillo (troisième partie).


Marsile Ficin, un des inspirateurs de Camillo.

Je me suis rendu compte, plusieurs semaines après avoir écrit mon article « Histoire de la Mnémotechnie : Moyen Âge, Renaissance & Dix-Septième siècle » que j’avais oublié de mentionner le travail de Giulio Camillo (1480-1544), un érudit italien, qui a consacré toute sa vie à la fabrication d’un édifice qu’il appela le Théâtre de la Mémoire et qui était un gigantesque théâtre décoré d’images, conçu afin de mémoriser l’ensemble des connaissances de l’époque.
Frances A. Yates est l’historienne qui a le mieux parlé de Camillo selon moi dans L'Art de la mémoire (quoique Paolo Rossi dans Clavis universalis et Lina Bolzoni dans La chambre de la mémoire lui ait consacré des analyses tout à fait passionnantes) et j’utiliserai donc ses informations.
Malgré la nature fragmentaire de ses réalisations, ou peut-être à cause d'elle, la réputation de Giulio Camillo ne diminua pas à sa mort ; au contraire, elle brilla avec plus d'éclat que jamais. En 1552, Ludovico Dolce, écrivain populaire doué d'un sens aigu de ce qui pouvait intéresser le public, écrivit une préface pour un recueil des œuvres, plutôt peu abondantes, de Camillo ; il y regrette la mort prématurée de ce génie qui, comme Pic de la Mirandole, n'a pas achevé son œuvre et n'a pas produit tout le fruit de son « intelligence plus divine qu'humaine ». Dans un discours tenu à Bologne en 1588, il exalta les philosophies de Trismégiste, Pythagore, Platon, Pic de la Mirandole, auxquelles il joignait le Théâtre de Giulio Camillo.
En 1578, J. M. Toscanus publia à Paris son Peplus Italiae, série de poèmes en latin sur des Italiens célèbres; l'un d'entre eux est consacré à Camillo, au prodigieux  Théâtre duquel les sept merveilles du monde doivent rendre hommage. Une note du poème dit que Camillo connaissait très bien les traditions mystiques des Hébreux, qu'on appelle la cabale, ainsi que les philosophies des Égyptiens, des pythagoriciens et des platoniciens
Par « philosophies des Egyptiens », la Renaissance entendait avant tout les écrits supposés d'Hermès, ou Mercure, Trismégiste, c'est-à-dire le Corpus hermeticum et L’Asclepius sur lesquels Ficin avait si profondément médité. Pic de la Mirandole y avait ajouté les mystères de la cabale juive. Ce n'est pas un hasard si les admirateurs de Camillo associent si souvent son nom à celui de Pic de la Mirandole, car il appartenait complètement et avec enthousiasme à la tradition hermético-cabalistique fondée par Pic. La grande œuvre de sa vie était d'adapter cette tradition à l'art classique de la mémoire.
Quand, vers la fin de sa vie, Camillo se trouvait à Milan au service de Del Vasto, il consacra sept matinées à dicter à Girolamo Muzio une esquisse de son Théâtre. Après sa mort, le manuscrit passa entre d’autres mains et il fut publié à Florence et à Venise en 1550 sous le titre L'Idea del Theatro dell' eccellen. M Giulio Camillo. C'est cet ouvrage qui nous permet de reconstruire le Théâtre dans une certaine mesure. Il a été traduit en français sous le titre Le théâtre de la mémoire de Giulio Camillo aux éditons Allia.

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés  à tous ! 

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