vendredi 24 mars 2017

Compte rendu de "L'art et la science de se souvenir de tout" de Joshua Foer (septième partie).




Le système Personne, action, objet (PAO).

Récemment est paru en livre de poche L’art et la science de se souvenir de tout qui est en fait le même livre que l’ouvrage en grand format Aventures au cœur de la mémoire (tous les deux la traduction de Moonwalking with Einstein). 

Aventures au cœur de la mémoire est un livre référence dans le monde de la mémoire. Il y est question de l’histoire de la mémoire et de la mnémotechnie, de la naissance des Mémoriades, les Championnats du monde de mémoire, en 1991, mais surtout de la manière dont un journaliste indépendant, Joshua Foer, est devenu champion de mémoire des États-Unis en 2006 alors qu’il ne savait même pas ce qu’était une technique de mémorisation un an auparavant !

Joshua Foer le présente ainsi: « Depuis toujours, il était prévu qu’Ed Cooke viendrait aux Etats-Unis pour le championnat. Peu de temps avant l’évènement, hélas, il s'envola pour l'Australie où l'université de Sydney lui avait offert une chance inespérée de travailler sur la phénoménologie de son sport préféré, le cricket. (D'après Ed, les meilleurs joueurs de cricket illustrent brillamment — encore plus brillamment que les sexeurs de poussins ou les grands maîtres d'échecs — sa thèse selon laquelle notre mémoire modèle et détermine fondamentalement notre perception du monde.) Le voyage de Sydney à New York étant très long et onéreux, Ed n'était plus du tout certain de me rejoindre pour me tenir la main pendant la compétition.

« Que puis-je faire pour atténuer le dégoût que doit t'inspirer cette défection potentielle ? » me demanda-t-il dans un courrier électronique trois jours avant le championnat. L'émotion qui me tenaillait relevait moins du dégoût que de la panique. J'avais beau avoir raconté à mes connaissances que j'abordais l'événement avec toute la distance et l'ironie que l'on a pour une innocente lubie —« C'est juste une façon bizarre et marrante de perdre une matinée de week-end », avais-je dit à un ami —, les blagues que je faisais au détriment de ce « critérium de frappadingues » ne servaient qu'à dissimuler le fait que je tenais mordicus à en sortir victorieux.

Ed ayant décidé de rester en Australie, j'étais donc seul à me faire du mouron au sujet des autres concurrents ; à me demander, notamment, s'ils s'étaient surentraînés pendant l'année et si l'un d'eux se préparait à prendre tout le monde au dépourvu en dégainant une nouvelle technique mnémonique qui élèverait la discipline à un niveau inaccessible pour moi. Je pensais d'abord à Ram Kolli, l'insouciant et joyeux champion en titre qui, je le savais, était le plus talentueux du groupe. S'il avait décidé de bosser aussi dur qu'un Européen, il nous écraserait tous. Pour quelque raison obscure, néanmoins, je doutais qu'il ait assez de volonté pour cela. Je me faisais surtout du mauvais sang à cause de Maurice Stoll. Si quelqu'un était susceptible d'avoir pris le temps de développer un système « PAO du millénaire » équivalent à celui d'Ed — ou un système à deux mille sept cent quatre images, pour les cartes, comme celui de Ben —, c'était bien Maurice.

La veille du championnat, Ed m'envoya un ultime conseil par e-mail : « Tout ce que tu dois faire, c'est savourer tes images. Y prendre vraiment du plaisir. Si tu t'étonnes toi-même de leur puissance et de leur bonté, tu t'en sortiras très bien. Ne te laisse à aucun moment gagner par l'inquiétude. Vas-y tranquille, ignore tes adversaires et amuse-toi. Je suis déjà très fier de toi. Et n’oublie pas : les filles adorent les cicatrices et la gloire est éternelle »

Voilà. C’est tout pour le moment. Amitiés à tous !

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