samedi 28 janvier 2017

Extrait de mon livre "Jorge Luis Borges, une autre littérature" (cinquième partie).





Une autobiographie très lacunaire


Aujourd’hui, comme je suis très fatigué et que j’ai en plus plein de choses à faire, je vais me contenter de vous proposer un extrait (le cinquième) de mon livre Jorge Luis Borges, une autre littérature. Cet article fait suite à celui-ci.


Du poète d’avant-garde
à l’écrivain international



JEUNESSE DANS LE QUARTIER DÉFAVORISÉ DE PALERMO


Jorge Luis Borges naît le 24 août 1899, au 840 rue Tucumán, en plein cœur de l’actuel Buenos Aires. Il est le fils de Jorge Guillermo Borges et de Leonor Acevedo Haedo. Du côté de ses deux parents, il a des aïeux célèbres, en particulier des militaires qui se sont illustrés dans les luttes pour l’indépendance de l’Argentine. Son père est avocat, mais donne aussi des cours de psychologie en anglais à l’Ecole normale des langues modernes. En effet, la grand-mère paternelle, Fanny Haslam, est née dans le Staffordshire et s’exprime presque exclusivement dans cette langue, ce qui influencera très fortement son fils ainsi que son petit-fils. Le père de Borges sera, en 1924, le premier à adapter en espagnol, pour la revue Proa, les Rubaiyat d’Omar Khayyâm, un poète mystique persan, à partir du texte d’un érudit anglais, Edward Fitzgerald. Il sera aussi l’auteur d’un roman, El caudillo, de nouvelles et de poèmes. En 1901, deux événements importants surviennent dans la vie de Jorge : sa famille déménage vers le quartier de Palermo, alors considéré comme faisant partie de la banlieue pauvre de Buenos Aires, dans une grande maison située au 2135 de la rue Serrano, et il lui naît le 4 mars une petite sœur, Leonor Fanny, que tout le monde appellera Norah. Ce quartier sera très présent dans l’œuvre de Borges, notamment dans son essai sur l’écrivain Evaristo Carriego et dans deux poèmes, Le Retour (Ferveur de Buenos Aires) et Elégie des portails (Cuaderno San Martin).

Borges apprend naturellement à lire en anglais : il raconte, dans son Essai d’autobiographie, que le premier roman qu’il eut entre les mains fut Huckleberry Finn. Puis il découvre des auteurs comme le capitaine Marryat, Wells, Poe, Stevenson, Dickens, Carroll, Cervantes. Il se passionne pour Les Mille et Une nuits dans la traduction de Burton, mais doit les dévorer en cachette car ce livre est considéré comme obscène. Il lit en espagnol les romans d’Eduardo Guttiérez, qui mettent en scène des mauvais garçons (les desperados), comme Juan Moreira, mais aussi son livre Siluetas militares, où est décrite la mort glorieuse du colonel Borges, un de ses ancêtres. Il déclare à son père sa vocation d’écrivain dès l’âge de six ans et, en 1906, rédige son premier texte recensé, La visera fatal (La Visière fatale), en espagnol archaïque à la manière de Cervantès ! Il compose en anglais un petit traité sur la mythologie grecque, plagié d’après l’auteur lui-même sur le Dictionnaire classique de John Lemprière. Puis en 1908, il traduit de l’anglais à l’espagnol la nouvelle d’Oscar Wilde Le Prince heureux. Elle est publiée dans un journal de Buenos Aires, El Pais. Leur premier prénom étant identique, tout le monde croit qu’il s’agit d’une traduction réalisée par son père. A treize ans, Borges écrit également un petit récit, El rey de la selva (Le Roi de la forêt).

Il lui faut aussi la même année rentrer contre son gré à l’école primaire. Il en gardera un souvenir amer toute sa vie, du fait des mauvais traitements infligés par ses camarades, qui le considéraient comme un «intellectuel» et qu’il percevait comme des «voyous ». Les vacances se passent en revanche dans le bonheur et les jeux enfantins avec sa sœur Norah, chaque mois de février à Adrogué, à vingt kilomètres au sud de Buenos Aires. Le nom de cette petite cité reviendra souvent par la suite dans l’œuvre de l’écrivain.

Après avoir terminé son école primaire, Borges intègre le collège Manuel Belgrano. Ces désagréables années d’études s’interrompent lorsque la famille doit partir le plus rapidement possible pour la Suisse. En effet, le père de Borges, pourtant encore jeune (quarante et un ans),connaît d’énormes problèmes de vue du fait d’une maladie héréditaire, au point de ne plus pouvoir lire les documents qu’il doit signer. Il préfère prendre sa retraite et se rendre dans ce pays pour consulter un ophtalmologue de renommée internationale.

Voilà. C'est tout pour le moment. Amitiés à tous.

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