mardi 29 novembre 2016

Présentation de l’étude « Atteindre l’excellence » de Robert Greene, chapitre 1, Découvrir sa vocation : l’œuvre de toute une vie (quatrième partie).



Albert Einstein


Robert Greene, dans son livre Atteindre l’excellence, identifie cinq stratégies pour parvenir à identifier l’œuvre de sa propre vie.

1) Revenir à ses origines – la stratégie de l’inclination primale.

2) Occuper le créneau idéal – la stratégie darwinienne.

3) Éviter les voies sans issue – la stratégie de la rébellion.

4) Se libérer du passé – la stratégie de l’adaptation.

5) Trouver le chemin du retour – jouer son va-tout.

Il propose cette très belle citation de Goethe : « Ce n’est pas dans ta profession, c’est en toi-même que résident les misères dont tu ne peux t’affranchir. Eh, quel homme enfin, s’il embrasse sans vocation un métier, un art, un genre de vie quelconque, ne devrait pas, comme toi, trouver son état insupportable ? Celui qui est né pour un talent y trouve la couronne de sa vie. Il n’est rien au monde qui n’offre de difficultés. L’élan de l’âme, le plaisir, l’amour, nous aident seuls à surmonter les obstacles, à frayer la route et à nous élever au-dessus de l’étroite sphère où la foule s’agite misérablement. »

1) Revenir à ses origines – la stratégie de l’inclination primale.

Chez les grands maîtres, l’inclination se présente souvent avec une remarquable clarté dès l’enfance. Parfois, c’est un simple objet qui déclenche une réaction disproportionnée. Quand Albert Einstein (1879-1955) avait cinq ans, son père lui offrit une boussole. L’enfant fut immédiatement fasciné par l’aiguille qui changeait de direction tandis qu’il se déplaçait. Le fait qu’une force magnétique invisible à l’œil fasse bouger l’aiguille bouleversa le petit Einstein. Il se demanda tout de suite s’il existait dans l’univers d’autres forces aussi invisibles et aussi puissantes que personne n’aurait encore découvertes ni comprises. Toute sa vie, ses intérêts et ses idées tournèrent autour de cette question simple des forces et des champs cachés ; souvent, il repensa à la boussole qui avait déclenché cette passion.

Pour maîtriser un domaine, il faut aimer le sujet et se sentir avec lui des affinités profondes. Votre passion doit transcender le domaine objectif et friser le religieux : pour Einstein, ce n’est pas la physique qui l’obsédait, mais le mystère de forces invisibles gouvernant l’univers. Ces attirances de l’enfance sont difficiles à verbaliser car il s’agit surtout de sensations : émerveillement, plaisir des sens, puissance, éveil de la conscience. Il est important d’identifier ces penchants préverbaux car ils révèlent de façon nette un attrait qui n’est pas contaminé par les désirs des autres. Il n’est pas ancré en nous par nos parents, ces derniers ne nous aident à créer que des liens plus superficiels, plus conscients et mieux exprimables. Provenant en fait de quelque chose de plus profond, cet attrait ne peut être que le nôtre, le reflet de notre personnalité exclusive.

Au fur et à mesure que vous devenez plus sophistiqué, vous perdez un peu le contact avec ces signaux émis par le tréfonds de votre être. Mais votre pouvoir et votre avenir dépendent des liens que vous renouerez avec ce tréfonds et avec vos origines. Creusez vos souvenirs pour y voir la trace de ces inclinations dans vos plus jeunes années. Cherchez-en l’empreinte dans vos réactions viscérales à des choses simples : le désir de reprendre un type d’activité dont vous ne vous êtes jamais lassé ; un thème qui éveille de façon particulière votre curiosité ; un sentiment de pouvoir lié à un acte donné. C’est déjà en vous. Vous n’avez rien à créer ; il vous suffit de creuser et de redécouvrir une chose que vous avez enfouie en vous depuis longtemps. Si vous renouez le contact avec ce recoin ultime de votre conscience à n’importe quel âge, une partie de cet attrait primal reviendra à la vie et vous désignera le chemin de ce qui peut devenir en définitive l’œuvre de votre vie.

Voilà. C’est tout pour le moment. La suite au prochain numéro. Amitiés à tous.

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