dimanche 18 octobre 2015

Le bouddhisme tibétain vu par Sangharakshita, le fondateur de la communauté bouddhiste Triratna (deuxième partie)


Dhardo Rimpoche, un des maîtres tibétains de Sangharakshita



Cet article, pour des raisons de commodité de lecture sur Internet, a été divisé en deux parties.

Après son initiation en 1957 à la Tara verte avec le lama Chetul Sangye Dorje, c’est le 12 octobre 1962 que Sangharakshita reçoit de Dhardo Rimpoche l’ordination du bodhisattva et il lui est expliqué le lendemain, de façon détaillée, les soixante-quatre préceptes prononcés lors de celle-ci.

En 1964, peu avant son départ pour l’Angleterre, il lui est donné en outre l’initiation à la Tara blanche, une bodhisattva féminine, incarnant en particulier la dimension de la sagesse.  Sangharakshita connaîtra encore ensuite d’autres initiations tantriques par des lamas tibétains. C’est lors de l’une d’elles que lui sera attribué un nouveau nom « Urgyen », qui désigne une contrée dans le nord-ouest de l’Inde où aurait vécu Padmasambhava, l’initié indien qui introduisit le bouddhisme au Tibet et le fondateur de l’école Nyingmapa.

Un personnage qui marquera beaucoup Sangharakshita, lors de ses dernières années en Inde, est Chen Chien-Ming, plus connu sous le nom de Yogi Chen, un instructeur d’origine chinoise, mais formé dans le Vajrayana. Il enseignera des semaines durant une série de cours sur les techniques de la méditation à l’intention de Sangharakshita et d’un autre moine anglais de passage à Kalimpong, Kantipalo. Les cours seront mis par écrit et donneront lieu à une publication : Buddhist Meditation, Systematic and Practical, une remarquable présentation des formes variées de la méditation et des différents  niveaux de conscience qui peuvent être atteints grâce à celle-ci.

Si vous voulez avoir plus de détails sur les enseignants tibétains de Sangharakshita,  consultez le site de la communauté Triratna  ou le site même de Sangharakshita.

Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui
Dans l’article qui va suivre, j’aborderai la théorie des riddhis (ou iddhis) dans le  bouddhisme Vajrayana .

La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.

Amitiés à tous.





Le bouddhisme tibétain vu par Sangharakshita, le fondateur de la communauté bouddhiste Triratna (première partie)




Chetul Sangye Dorje, un des formateurs tibétains de Sangharakshita, né en 1913, est donc âgé à présent de 102 ans et continue à parcourir le monde.



Le bouddhisme tibétain vu par Sangharakshita (première partie)


Un visiteur, qui assisterait pour la première fois à une soirée Sangha du Centre bouddhiste Triratna de Paris, pourrait être surpris d’entendre pendant la puja, après la récitation des mantras du dhyani-bouddha Amitabha et du bodhisattva Avalokitésvara, ceux de la bodhisattva tibétaine Tara : « Om tare tuttare ture Svaha » et de Padmasambhava, le fondateur du bouddhisme tibétain : « Om ah hum vajra guru padma siddhi hum ». En réalité, Sangharakshita, le fondateur de Triratna, après avoir été moine bouddhiste hinayana (theravada), a reçu plusieurs initiations tibétaines.

Cet article pour des raisons de commodité de lecture sur Internet sera divisé en deux parties.

C’est en 1950, alors qu’il a vingt-cinq ans, que Sangharakshita prend véritablement contact avec le bouddhisme Vajrayana (tibétain ou véhicule du diamant). Il vit alors en Inde et a été ordonné par le passé dans le hinayana (petit véhicule). Il crée à cette époque un journal mensuel qui s’appelle Stepping Stones (Pierres de gué) et plusieurs de ses contributeurs sont des bouddhistes tibétains : Alexandra David-Neel, Lama Govinda, etc. Sangharakshita se lie plus spécifiquement d’amitié avec Lama Govinda : tous les deux partagent le désir de découvrir le bouddhisme dans son ensemble (les trois mouvements principaux : hinayana, mahayana, Vajrayana) et ils sont déçus par l’attitude étriquée de certaines écoles, notamment dans le hinayana. Ils cherchent à promouvoir l’unité du bouddhisme et voient comme critère d’efficacité, dans un enseignant ou un mouvement, l’aptitude à promouvoir la croissance spirituelle des individus avec l’Eveil comme horizon. Lama Govinda, par ses grandes connaissances, sera en fait déterminant dans la compréhension plus claire que Sangharakshita aura progressivement du Vajrayana.

En 1956, Sangharakshita franchit une étape déterminante dans sa connaissance du bouddhisme tibétain. Il demande l’initiation tantrique (tibétaine), qui marquera un nouveau départ dans sa vie intérieure. Sur ce point, c’est Lama Govinda qui l’a aidé à voir clair, en lui présentant la dimension philosophique de la méditation du Vajrayana. Il s’agit entre autres d’arriver à découvrir son guru intérieur ou à défaut d’en trouver un qui soit extérieur. En effet, dans l’initiation tantrique, le maître met le disciple en lien avec la forme idéalisée d’un bouddha ou d’un bodhisattva, l’idéalisation s’appuyant sur un aspect particulier de la conscience éveillée, sagesse ou compassion. Suite à cela, le disciple, par un effort de visualisation, contemple cette forme archétypale durant sa méditation, cherchant à renforcer en lui l’aspect de la conscience éveillée qu’elle incarne. C’est là sans doute un moyen pour dépasser l’effort purement personnel en cherchant à se laisser guider par une force externe.

Durant le printemps 1957, Sangharakshita se rend auprès d’un lama tibétain qui lui semble apte à lui fournir cette connaissance, le lama Chetul Sangye Dorje. Ce dernier lui donne l’initiation à la Tara verte, une bodhisattva féminine qui personnifie la compassion. Sangharakshita pratiquera quotidiennement la méditation de la Tara verte durant les années qui suivent. Il y trouvera la force plus élevée et décentrée qu’il recherchait.

Mais Chetul Sangye Dorje n’est pas le seul grand lama tibétain à marquer l’itinéraire spirituel de Sangharakshita. En effet, de plus en plus attiré par la richesse, la ferveur et le haut niveau intellectuel de la spiritualité tibétaine, il se met toujours davantage à l’école de ses représentants, lesquels sont souvent des tulkus, des incarnations reconnues des précédents grands lamas. Déterminante est alors la rencontre avec Dhardo Rimpoche. Cet homme réservé, dont la confiance ne pourra être conquise qu’au fil des années, devient son plus proche ami spirituel et son plus grand maître. Leur première rencontre a lieu en 1954 par l’intermédiaire d’un ami commun qui, ayant écrit un article en anglais sur le bouddhisme tibétain, inspiré par l’enseignement de Dhardo Rimpoche, avait demandé à Sangharakshita d’en corriger la grammaire et le style. Ce sera l’occasion pour le futur créateur de Triratna de connaître et d’apprécier la profondeur et la pensée de Rimpoche et son approche non sectaire du Dharma. Celui-ci appartient à l’école Gelugpa, quoiqu’étant lui-même la réincarnation d’un tulku de la tradition Nyingmapa, la plus ancienne du bouddhisme tibétain.

Ayant des fonctions importantes dans le gouvernement tibétain, Dhardo Rimpoche est alors un conseiller proche du Dalai-Lama. Lorsqu’a lieu la rencontre avec Sangharakshita, il est abbé du monastère de Ladakhi à Bodh-Gaya et, parallèlement, il dirige à Kalimpong un Centre d’études tibétaines (le Indo-Tibetan Buddhist Cultural Institute). Un véritable sentiment d’amitié et de respect mutuel naît entre Sangharakshita et Dhardo Rimpoche. Ce qui impressionne Sangharakshita chez celui-ci, c’est à la fois sa grande érudition et son incroyable compassion, incarnant parfaitement l’idéal du bodhisattva. Plus que ça, il a l’impression que le Rimpoche est un bodhisattva vivant : quelqu’un qui vit l’existence spirituelle non pas seulement pour son propre soi mais pour le bien de tous les êtres vivants. Et il n’aura désormais plus qu’une aspiration : suivre son exemple.

Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui
Dans un prochain article, j'aborderai les autres initiations de Sangharakshita au bouddhisme tibétain.
La suite au prochain numéro comme dans les romans-feuilletons du dix-neuvième siècle ou dans les séries télévisées américaines actuelles.

Amitiés à tous.